Letop des meilleurs films français ever, suite et fin. . Et puis il y a les acteurs: Luchini dans son meilleur rÎle (encore à des .. "Loulou", de Maurice Pialat avec Gé. Top 10 des acteurs porno dont la carriÚre a duré le plus longtemps Son film incontournable: Tarz and Jane and Boy and Cheeta Top 10 des meilleurs livres pornos d'écrivains classiques, tout de suite c'est plus marrant
6 infos Ă retenir sur les rĂ©parations versĂ©es par HaĂŻti Ă la FranceVoici ce que les correspondants du New York Times ont appris sur les sommes quâHaĂŻti a dĂ» verser aprĂšs avoir chassĂ© les colons français lors de la premiĂšre rĂ©volte dâesclaves victorieuse du monde Images Group, via Getty ImagesPublished May 20, 2022Updated May 25, 2022Un Ătat dĂ©faillant. Un piĂšge Ă aide humanitaire. Une terre maudite tant par la nature que par la nature figure parmi les pays les plus pauvres de la planĂšte, mais la sympathie quâattirent ses souffrances sans fin se teinte souvent de remontrances et de leçons de morale quant Ă la corruption et Ă la mauvaise gestion qui lâ sait que les HaĂŻtiens ont chassĂ© leurs maĂźtres esclavagistes français dont la brutalitĂ© Ă©tait notoire, puis proclamĂ© leur indĂ©pendance en 1804. Câest la premiĂšre nation du monde moderne Ă ĂȘtre nĂ©e dâune rĂ©volte dâ sait moins ce qui est advenu deux dĂ©cennies plus tard. Les Français sont revenus Ă HaĂŻti sur des navires de guerre pour lui dĂ©livrer un ultimatum ahurissant. Ils ont sommĂ© le pays, qui avait dĂ©jĂ conquis sa libertĂ© au prix de son sang, de lui verser une colossale somme dâargent en espĂšces. Sinon, ce serait la gĂ©nĂ©rations successives de descendants dâesclaves ont ainsi dĂ» payer les hĂ©ritiers de leurs anciens maĂźtres avec des fonds qui auraint mieux servi Ă construire des Ă©coles, des routes, des cliniques et Ă faire tourner lâ question plane depuis des annĂ©es Ă laquelle les journalistes du New York Times se sont confrontĂ©s au fil de leur enquĂȘte Et si ? Et si HaĂŻti nâavait pas Ă©tĂ© pillĂ© depuis sa naissance par des puissances extĂ©rieures, par des banques Ă©trangĂšres et par ses propres dirigeants ? De quels moyens supplĂ©mentaires le pays aurait-il disposĂ© pour se construire ?Pour y rĂ©pondre, pour quantifier le montant exact payĂ© par les HaĂŻtiens pour leur libertĂ©, notre Ă©quipe de correspondants a passĂ© 13 mois Ă fouiller les archives et les bibliothĂšques de trois continents. Voici les conclusions de leur enquĂȘte que nous publions cette Rios pour The New York TimesLe point de dĂ©part la Double DetteEn 1825, un navire de guerre français hĂ©rissĂ© de canons surgit dans le port de la capitale haĂŻtienne. Ă bord, un Ă©missaire du roi Charles X qui vient livrer une requĂȘte ahurissante la France exige des rĂ©parations de la part du peuple quâelle a jadis ce sont les vaincus qui paient des rĂ©parations, pas les vainqueurs. Dix ans auparavent, la France avait dĂ» en verser Ă ses voisins europĂ©ens suite aux dĂ©faites militaires de NapolĂ©on â dont les forces, soit dit en passant, avaient ont aussi Ă©tĂ© vaincues par les HaĂŻtiens. Mais HaĂŻti est trĂšs isolĂ© et nâa aucun vĂ©ritable alliĂ©. Le pays redoute dâĂȘtre de nouveau envahi et a un besoin vital de commercer avec dâautres somme exigĂ©e est de 150 millions de francs français, Ă verser en cinq tranches annuelles. Câest bien au-dessus des moyens du France ajoute alors une condition pour rĂ©gler ses paiements le pays devra emprunter uniquement auprĂšs de banques françaises. Ce rocher de Sisyphe est ce quâon appelle la Double coĂ»t vĂ©ritable pour HaĂŻti, hier et encore aujourdâhuiThe New York Times a traquĂ© chaque paiement effectuĂ© par HaĂŻti sur une pĂ©riode de 64 ans. Leur total se monte Ă 560 millions de dollars en valeur le dĂ©ficit pour le pays ne se mesure pas simplement par lâaddition des sommes rĂ©glĂ©es au fil des ans Ă la France et Ă dâautres franc expĂ©diĂ© vers des coffres-forts banaires de lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique est un franc qui ne circule pas parmi les paysans, les ouvriers et les commerçants haĂŻtiens, un franc qui nâest pas investi pour construire des ponts, des Ă©coles ou des usines. Un franc, donc, qui ne peut pas contribuer Ă la construction et la prospĂ©ritĂ© de la correspondants ont parcouru des milliers dâarchives financiĂšres et ont consultĂ© 15 Ă©conomistes internationalement reconnus. Ils sont arrivĂ©s Ă la conclusion que les paiements Ă la France ont coĂ»tĂ© Ă HaĂŻti entre 21 et 115 milliards de dollars en perte de croissance Ă©conomique sur la longue durĂ©e. Cela reprĂ©sente jusquâĂ huit fois la taille de lâĂ©conomie entiĂšre dâHaĂŻti en âle nĂ©ocolonialisme par la detteâ, dit Thomas Piketty, lâun des Ă©conomistes que nous avons rencontrĂ©s. âCette fuite a totalement perturbĂ© le processus de construction de lâĂtatâEt ce n'Ă©tait que le dĂ©but. La double dette a contribuĂ© Ă prĂ©cipiter HaĂŻti dans une spirale dâendettement qui lâa paralysĂ© pendant plus dâun Lima pour The New York TimesPour une banque française, câest la poule aux oeufs dâorAprĂšs avoir saignĂ© HaĂŻti avec sa demande de rĂ©paration, la France change de tactique. Ce sera la main tendue dâun partenaire en 1880, HaĂŻti fĂȘte la crĂ©ation de sa premiĂšre banque nationale aprĂšs un demi-siĂšcle de paiements Ă©crasants liĂ©s Ă la double dette. Câest ce type dâinstitution qui en Europe sert Ă financer la construction de chemins de fers et dâ la Banque Nationale dâHaĂŻti nâa dâhaĂŻtien que son nom. Elle est en rĂ©alitĂ© une Ă©manation de la banque française CrĂ©dit Industriel et Commercial, ou CIC. Elle contrĂŽlera la banque nationale dâHaĂŻti depuis Paris et prĂ©lĂšvera des commissions sur chaque transaction effectuĂ©e. Les archives retrouvĂ©es par The New York Times montrent de façon claire que le CIC a siphonnĂ© des dizaines de millions de dollars Ă HaĂŻti au bĂ©nĂ©fice dâinvestisseurs français et accablĂ© ses gouvernement de prĂȘts HaĂŻtiens dĂ©chantent vite quand ils rĂ©alisent que quelque chose ne tourne pas rond.âNâest-ce pas drĂŽleâ, fait remarquer un Ă©conomiste haĂŻtien, âquâune banque qui prĂ©tend venir au secours dâun trĂ©sor public obĂ©rĂ© commence, au lieu dây mettre de lâargent, par emporter tout ce quâil y avait de valeur ?âImageCredit...Getty ImagesPour les Ătats-Unis, HaĂŻti est une caisse enregistreuseQuand les militaires amĂ©ricains envahissent HaĂŻti Ă lâĂ©tĂ© 1915, leur prĂ©texte officiel est que le pays est trop pauvre et trop instable pour ĂȘtre laissĂ© Ă lui-mĂȘme. Le secrĂ©taire dâĂtat des Etats-Unis Robert Lansing ne cache pas son mĂ©pris de la ârace africaineâ et prĂ©sente lâoccupation comme une mission civilisatrice destinĂ©e Ă mettre fin Ă âlâanarchie, la sauvagerie et lâoppressionâ.Mais dâautres motivations perçaient depuis lâhiver prĂ©cĂ©dent. En dĂ©cembre 1914, un petit nombre de Marines avaient franchi le seuil de la banque nationale dâHaĂŻti pour en ressortir avec 500 000 dollars en or. Quelques jours plus tard, lâor reposait dans le coffre dâune banque Ă Wall Street.âJâai contribuĂ© Ă faire dâHaĂŻti et de Cuba des coins oĂč les gars de la National City Bank pouvaient se faire de jolis revenusâ, avouera quelques annĂ©es plus tard le gĂ©nĂ©ral qui avait commandĂ© les forces amĂ©ricaines en HaĂŻti et qui reconnaĂźtra avoir Ă©tĂ© un âracketteur au service du capitalismeâ.Câest sous pression de la National City Bank, lâancĂȘtre du gĂ©ant bancaire Citigroup, et dâautres acteurs importants de Wall Street que Washington prend le contrĂŽle dâHaĂŻti et de ses finances, comme le rĂ©vĂšlent les dĂ©cennies dâarchives, de rapports financiers et de correspondances diplomatiques que The New York Times a Ătats-Unis sont la puissance dominatrice en HaĂŻti au cours des dĂ©cennies suivantes ils dissolvent son parlement manu militari, exĂ©cutent des milliers de citoyens et expĂ©dient une grande partie des revenus du pays Ă des banquiers Ă New York. Pendant ce temps, les paysans qui travaillent Ă les enrichir vivent au seuil de la retire tout de mĂȘme quelques bĂ©nefices tangibles de lâoccupation amĂ©ricaine, estiment les historiens construction dâhĂŽpitaux, 1 200 km de routes et une fonction publique plus efficace. Mais Ă quel prix les AmĂ©ricains Ă©tablissent le travail forcĂ© pour la construction des routes. Les soldats amĂ©ricains, non contents dâattacher les HaĂŻtiens avec des cordes et de les faire travailler sans rĂ©munĂ©ration, tirent sur ceux qui tentent de une pĂ©riode de dix ans, un quart du revenu total dâHaĂŻti sert Ă rembourser des dettes contrĂŽlĂ©es par la National City Bank et sa filiale, dâaprĂšs les informations contenues dans les 20 rapports annuels de fonctionnaires amĂ©ricains que le Times a annĂ©es, les AmĂ©ricains aux commandes des finances dâHaĂŻti consacrent une plus grande part Ă leur rĂ©munĂ©ration et au rĂšglement de leurs frais quâau budget de santĂ© du pays, qui compte deux milions dâ ImagesUn flĂ©au intĂ©rieur la corruptionâIls ont Ă©tĂ© trahis par leurs propres frĂšres, et ensuite par les puissances Ă©trangĂšres.âCe sont les mots de Georges Michel, un historien haĂŻtien qui, comme nombre dâexperts dâHaĂŻti, assure que lâinfortune du pays ne peut sâexpliquer sans reconnaĂźtre le profond ancrage de sa culture de la fonctionnaire haĂŻtien au 19Ăšme siĂšcle conclut un accord avantageux pour une banque en France â pour ensuite y prend sa retraite ?âCe nâest pas le premier exemple dâun fonctionnaire haĂŻtien qui brade les intĂ©rĂȘts de son pays pour son profit personnelâ, dĂ©plore M. Michel. âJe dirais que câest presque une rĂšgleâ.Les dirigeants haĂŻtiens ont toujours fait main basse sur les richesses du pays. Il arrive mĂȘme quâon entende Ă la radio des Ă©lus parlementaires discuter ouvertement des pots-de-vin quâils touchent. Nombre dâoligarques sâenrichissent Ă la tĂȘte de monopoles lucratifs et ne paient quâun minimum dâimpĂŽts. Transparency International classe le pays parmi les plus corrompus du un problĂšme qui remonte accordant le prĂȘt de 1875, les banquiers français ont dâemblĂ©e prĂ©levĂ© 40 % de son montant total. Le reliquat a essentiellement servi Ă rembourser dâautres dettes, et une petite part a disparu dans les poches de fonctionnaires haĂŻtiens vĂ©reux qui, pointent les historiens, sâenrichissaient aux dĂ©pens du sort de leur siĂšcle plus tard, quand les HaĂŻtiens Ă©lisent Ă la prĂ©sidence un mĂ©decin Ă©rudit et dâĂąge mĂ»r appelĂ© François Duvalier, les perspectives du pays sont au vert. Pour la premiĂšre fois depuis plus de 130 ans, HaĂŻti nâa plus Ă porter le fardeau dâune dette internationale est en 28 annĂ©es suivantes verront Duvalier et son fils imposer une dictature notoirement corrompue et brutale. Les professionnels haĂŻtiens prennent la fuite. Un pays dĂ©jĂ dans la misĂšre sâenfonce encore davantage, tandis que les Duvalier dĂ©tournent Ă leur profit des millions de nâa peut-ĂȘtre jamais Ă©tĂ© aussi Rios pour The New York TimesLâhistoire quâon nâenseigne pas en FranceLa double dette a largement disparu des mĂ©moires. Des gĂ©nĂ©rations de Français ont copieusement profitĂ© des exploits financiers de leurs ancĂȘtres mais rien de cela nâest enseignĂ© dans les salles de classe. The New York Times Times sâest entretenu avec une trentaine de descendants de familles ayant reçu, jadis, des paiements au titre de la double dette dâHaĂŻti. Pour la plupart, ils tombent des nues. âCâest une partie de lâhistoire de ma famille que je ne connaissais pasâ, sâĂ©tonne un descendant de sixiĂšme gĂ©nĂ©ration de la premiĂšre femme de nâest pas un hasard. La France a tout fait pour gommer ce chapitre de son histoire, ou du moins le HaĂŻti mĂȘme, il Ă©tait mal connu jusquâĂ ce quâen 2003, le prĂ©sident Jean-Bertrand Aristide Ă©lectrise les foules en dĂ©nonçant la dette imposĂ©e par la France et en exigeant des France a vite fait de le discrĂ©diter. Laisser parler de rĂ©parations est hautement risquĂ© pour une nation dont dâautres anciennes colonies souffrent encore de sĂ©quelles de leur exploitation. De lâaveu mĂȘme de lâambassadeur de Français en HaĂŻti Ă lâĂ©poque, la demande est de lââexplosifâ.âIl fallait essayer de la dĂ©samorcerâ, Aristide a mĂȘme avancĂ© un chiffre prĂ©cis de ce que la France doit Ă HaĂŻti, sâattirant dâailleurs des railleries. Mais le calcul par The New York Times des pertes subies par HaĂŻti sâavĂšre Ă©tonemment proche de lâestimation . Il se peut mĂȘme quâil ait Ă©tĂ© trop 2004, M. Aristide sâest retrouvĂ© dans un avion, Ă©vincĂ© au moyen dâune opĂ©ration orchestrĂ©e conjointement par les Ătats-Unis et la France. AmĂ©ricains et Français justifient encore lâĂ©viction au titre de la nĂ©cessitĂ© de stabiliser HaĂŻti, alors en proie Ă des troubles. Mais avec le recul, un autre ancien ambassadeur concĂšde quâil y avait sans doute dâautres destitution du prĂ©sident haĂŻtien, a-t-il dit au New York Times, Ă©tait âprobablement un peu liĂ©eâ aussi Ă sa demande de rĂ©parations.
Lemassacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, est la conséquence d'une série d'événements : la paix de Saint-Germain-en-Laye qui met fin à la troisiÚme guerre de Religion, le 8 août 1570 ; le mariage entre le roi Henri III de Navarre (futur roi Henri IV de France) et Marguerite de France, le 18 août 1572 ; la tentative d
Depuis le dimanche 24 janvier 2016, la Fox diffuse une mini-sĂ©rie dont le titre vous est sans doute familier The X-Files, Aux FrontiĂšres du RĂ©el⊠Six nouveaux Ă©pisodes a priori diffusĂ©s dans le dĂ©sordre qui constituent la suite de lâĂ©vĂ©nement phĂ©nomĂšne des annĂ©es 90. Verrouillez votre porte Ă double tour, Ă©teignez vos portables, baissez vos rideaux, ne mangez que des conserves que vous avez vous-mĂȘme ouvertes et dites-vous bien quâils vous Ă©coutent. Qui ça, ils ? Ben, eux ! Retour sur la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e des dossiers classĂ©s X ». Non, posez cette boĂźte de Kleenex ! Ce nâest pas ce genre de X » là ⊠Le dimanche 12 juin 1994 sur M6, les tĂ©lĂ©spectateurs français plongeaient pour la toute premiĂšre fois dans lâunivers complotiste des X-Files Aux FrontiĂšres du RĂ©el » chez nous, un ovni tĂ©lĂ©visuel qui proposait du jamais-vu lâimage, la rĂ©alisation, le ton⊠Tout relevait dâune qualitĂ© cinĂ©matographique jamais atteinte jusquâalors. Sans parler des scĂ©narios. Certes, plusieurs Ă©pisodes suivaient la formule classique des shows du petit Ă©cran en se conformant Ă la formule un Ă©pisode = une histoire », mais il y avait nĂ©anmoins un fil conducteur Ă travers les neufs saisons, et parfois mĂȘme des Ă©pisodes qui Ă©taient incomprĂ©hensibles sans avoir vu les prĂ©cĂ©dents. Une chose rare pour lâĂ©poque. Oh, et une bonne VF. Encore plus rare. Cette sĂ©rie amĂ©ricaine et non pas amĂ©ricano-canadienne, contrairement Ă ce quâannonce la page française de Wikipedia, relatant les aventures de deux agents du FBI confrontĂ©s Ă lâinconnu, allait changer Ă nombreuses reprises de jour de diffusion dans notre beau pays. Mais surtout cette dĂ©ferlante de la pop culture allait sâabattre sur la France et le monde en laissant bien plus quâun souvenir anecdotique. Zeu trouffe ize aoutte zĂšre Ancien journaliste spĂ©cialisĂ© dans le surf le vrai, avec des planches et scĂ©nariste chez Disney, le crĂ©ateur de la sĂ©rie Chris Carter sâest inspirĂ© des sĂ©ries cultes de sa jeunesse Kolchak The Night Stalker, Dossiers BrĂ»lants en VF, et The Twilight Zone, La QuatriĂšme Dimension en VF pour crĂ©er ce qui deviendra lâĆuvre de sa vie. Le pitch deux agents du FBI enquĂȘtent sur des phĂ©nomĂšnes inexpliquĂ©s, allant des fantĂŽmes aux vampires, en passant par les extra-terrestres. Lâun arbore une personnalitĂ© obsessionnelle, en croisade au nom de la vĂ©ritĂ©; lâautre est une sceptique acerbe placĂ©e dans ce service pour le dĂ©mystifier. Une stratĂ©gie qui, comme lâespĂšrent certains, mĂšnera enfin Ă sa fermeture dĂ©finitive. Manque de bol, bien quâelle ne croie pas Ă toutes ces sornettes, elle finira par dĂ©fendre la validitĂ© des enquĂȘtes et lâimportance du bureau des affaires non classĂ©es ». Carter imagine les deux personnages comme la personnification de sa foi et de son scepticisme. Mais par un tour de passe-passe, le surfeur/scĂ©nariste inverse intelligemment les stĂ©rĂ©otypes de genre. Et voilĂ que la foi prend forme masculine, tandis que le scepticisme devient fĂ©minin. David Duchovny, surtout connu jusquâalors pour son rĂŽle dâagent du FBI travesti dans Twin Peaks, reprend du service de maniĂšre fictive mais en laissant son tailleur jupe de cĂŽtĂ©. Dans X-Files, Duchovny incarne Fox Mulder, un profiler exceptionnel qui, de son propre chef, se concentre sur les dossiers abandonnĂ©s et les cas inexpliquĂ©s. Quand il Ă©tait enfant, sa sĆur a disparu et il est persuadĂ© quâelle a Ă©tĂ© enlevĂ©e par des extra-terrestres. Gillian Anderson hĂ©rite quant Ă elle du rĂŽle de la trĂšs terre-Ă -terre Dana Scully, personnage plus que fortement inspirĂ© par celui de Clarice Starling dans le Silence des Agneaux, fascination morbide avec les tueurs en sĂ©rie oblige. Jeune agent du FBI Ă peine sortie de lâacadĂ©mie, mĂ©thodique, allant jusquâĂ avoir la mĂȘme coupe de cheveux du personnage interprĂ©tĂ© par Jodie Foster et qui a valu un oscar de Meilleure Actrice Ă cette derniĂšre en 1992. LâannĂ©e oĂč Chris Carter a Ă©crit le pilote de X-Files⊠Gillan Anderson avouera dâailleurs plus tard dans des interviews quâelle a basĂ© son approche du personnage de Scully sur celui de Jodie Foster dans le film prĂ©alablement citĂ©. La blague est que plusieurs annĂ©es aprĂšs X-Files, on lui proposera de reprendre le rĂŽle de Starling pour Hannibal, proposition quâelle devra dĂ©cliner en raison dâune clause de son contrat stipulant quâelle ne peut pas jouer un agent du FBI en dehors de la sĂ©rie de Carter. Le pilote diffusĂ© le 10 septembre aux USA est un succĂšs immĂ©diat qui attire douze millions de tĂ©lĂ©spectateurs dans le pays et le dernier Ă©pisode de la saison en ramĂšne quatorze millions. Ce nâest quâun dĂ©but car la sĂ©rie atteindra quasiment les trente millions dans sa troisiĂšme saison. Toutes les lĂ©gendes urbaines y sont exploitĂ©es, tous les mythes y sont abordĂ©s, tout Ă©lĂ©ment fantastique trouve sa place Ă un moment ou Ă un autre dans la sĂ©rie. Câest dâailleurs le seul gros reproche quâon peut lui faire tout existe, les vampires, les loups-garous, les spectres, les yĂ©tis, les robots, les sorciĂšres, les lutins, les pouvoirs psychiques et les transports en commun qui ne font pas grĂšve. TOUT. Câest Ă croire que la Terre entiĂšre est aveugle et que seul Mulder connaĂźt la vĂ©ritĂ©. Comme si pendant neuf ans, il avait Ă©tĂ© le seul Ă sây intĂ©resser, aidĂ© de ses trois potes paranoĂŻaques, les Lone Gunmen trĂšs mal traduit en VF par les Bandits Solitaires », passant ainsi Ă cĂŽtĂ© de la rĂ©fĂ©rence Ă la thĂ©orie du complot entourant le meurtre de JFK. Trad exacte les Tireurs IsolĂ©s. Mais admettons⊠Trust personne MĂ©langeant les slogans I want to believe » je veux croire », Trust no one » ne faites confiance Ă personne » et The truth is out there » la vĂ©ritĂ© est ailleurs », la sĂ©rie se transforme en phĂ©nomĂšne pop-culture qui sâabat sur le monde entier, y compris au Japon oĂč la sĂ©rie atteint la premiĂšre place Ă lâaudimat, chose inĂ©dite pour une sĂ©rie amĂ©ricaine Ă lâĂ©poque. La France tombe aussi sous le charme et, dans certaines enseignes commençant par A » et terminant par lbum », les cartes Ă collectionner se vendent par palettes entiĂšres. Comme les bandes dessinĂ©es, les mangas, les posters I want to believe », les faux badges du FBI ou mĂȘme les faux spĂ©cimens de fĆtus extraterrestres. Tout y passe. La sĂ©rie suit deux formules Monster of the Week ou MotW le monstre de la semaine » qui sont des Ă©pisodes stand alone », format classique, anecdotique et utilisĂ© par de nombreuses autres sĂ©ries avant et aprĂšs les X-Files. le Mytharc lâarc de la mythologie », qui se concentre sur la conspiration politico-extra-terrestre que Mulder veut faire Ă©clater au grand jour. Et câest surtout ce Mytharc qui suscite le plus grand intĂ©rĂȘt, les complotistes y trouvant largement de quoi alimenter leurs fantasmes les plus fous. AppelĂ©e successivement Consortium » puis Syndicat », lâorganisation au centre de cette conspiration nâest ni plus ni moins quâune variante des Illuminati qui auraient pactisĂ© avec des visiteurs dâun autre monde. Le crash de Roswell en 1947, la Zone 51 et toute la paranoĂŻa vĂ©hiculĂ©e par Jacques Pradel et sa cassette vidĂ©o toute pougnave se rajoutent Ă lâengouement. Les Envahisseurs⊠Fox Mulder les a vus ! » Mon rĂ©dacâ chef vĂ©nĂ©rĂ© mettrait un contrat sur ma tĂȘte si jâĂ©numĂ©rais toutes les rĂ©fĂ©rences qui parsĂšment la sĂ©rie. Mais sâil nây en avait quâune Ă citer, ce serait sans conteste lâapparition de Roy Thinnes, acteur qui incarnait David Vincent dans la sĂ©rie des annĂ©es soixante Les Envahisseurs ». Une histoire paranoĂŻaque ayant pour sujet un homme tentant de tirer la sonnette dâalarme Ă propos dâune cinquiĂšme colonne extra-terrestre vivant parmi nous, attendant patiemment le moment pour frapper et envahir notre belle planĂšte⊠Ăa vous rappelle quelque chose ? MĂȘme si on pourrait penser que la sĂ©rie se rĂ©sume Ă la Zone 51 nâexiste pas et si vous ĂȘtes intelligent, vous arrĂȘterez de poser des questions », il nâen nâest rien. Si ça commence par ce qui semble ĂȘtre un clichĂ©, le Mytharc devient de plus en riche en personnages qui se rajoutent comme de multiples pierres Ă lâĂ©difice passionnant de Chris Carter. Il y a une version russe du Syndicat qui opĂšre aussi dans lâombre, lâagent double ou triple ou indĂ©pendant quâest Alex Krycek et qui devient partenaire de Mulder, un indic » nommĂ©e Gorge Profonde en hommage au scandale du Watergate, Mr. X une autre rĂ©fĂ©rence au Watergate et mĂȘme une huile noire qui contamine et plie les gens Ă sa volontĂ© avec pour projet dâĂȘtre distribuĂ©e via du maĂŻs transgĂ©nique. Les deux derniĂšres saisons verront lâapparition de deux autres agents Monica Reyes et John Doggett, jouĂ© par Robert Patrick inoubliable en T1000 dans Terminator 2, qui aideront Scully alors que Mulder est mystĂ©rieusement manquant et nâapparait que de maniĂšre sporadique. Ceci Ă©tant expliquĂ© par le fait que le contrat des deux stars dâorigine prenant fin, Duchovny en profita pour se mettre Ă mi-temps. Et la reconnaissance nâest pas que dans les yeux des fans car lâindustrie fĂ©licite amplement la sĂ©rie en lui donnant soixante-cinq rĂ©compenses dont Meilleure SĂ©rie aux Golden Globes en 1994, 1996 et 1997. Aie ouante tou bilive Et puisquâon parle de 1997, câest durant cette annĂ©e quâun Ă©vĂ©nement Ă©trange fit beaucoup de bruit par chez nous, Ă©vĂ©nement quâon ne put bien entendu pas sâempĂȘcher de relier Ă la sĂ©rie. Lâhistoire se passe dans le dĂ©partement du Nord, au lycĂ©e-collĂšge EugĂšne-Thomas de Quesnoy. De nombreux Ă©lĂšves prĂ©sentent soudainement des rougeurs et dĂ©mangeaisons au niveau du visage et des mains. Les adultes ne sont quant Ă eux pas touchĂ©s et, fait encore plus troublant, les cas apparaissent spĂ©cifiquement durant certaines pĂ©riodes de la semaine. Plusieurs personnes font immĂ©diatement le lien avec lâĂ©pisode dâX-Files la Guerre des coprophages », rediffusĂ© quelques jours auparavant. Panique. Fermeture de lâĂ©tablissement. LâhypothĂšse de toxi-infection alimentaire collective est dâemblĂ©e Ă©cartĂ©e. Les mĂ©dias sâemparent de lâaffaire et baptisent lâincident le X-Files Syndrome ». Quelques cas seront dĂ©terminĂ©s comme auto-infligĂ©s suite Ă des frottements avec de la laine, du cuir ou de la soie. Mais le reste des patients seront bel et bien diagnostiquĂ© comme victimes dâun phĂ©nomĂšne psychogĂ©nique de masse provoquĂ© par le stress de la distribution des bulletins scolaires, la suggestion de lâĂ©pisode et la mauvaise blague de leurs camarades. Mais revenons au monde de la tĂ©lé⊠Forte de son succĂšs, la sĂ©rie X-Files va engendrer plusieurs spin-offs. Tout dâabord, citons le cas des Bandits Solitaires qui auront leur propre sĂ©rie du mĂȘme nom, sĂ©rie qui ne durera malheureusement quâune saison. Le monde nâĂ©tait sans doute pas prĂȘt pour une sĂ©rie tĂ©lĂ© avec trois geeks pas sexy. Mentionnons Ă©galement Millenium, qui tĂ©moigne encore une fois de la passion indĂ©fectible de Chris Carter pour Thomas Harris lâauteur de la saga autour dâHannibal Lecter. Si Dana Scully est inspirĂ©e par la recrue Clarice Starling, Frank Black est ouvertement un clone de Will Graham, mais poussĂ© Ă lâextrĂȘme. Son don » pour se mettre Ă la place de tueurs en sĂ©rie lui a valu trop de sacrifices et lâa forcĂ© Ă quitter le FBI. FatiguĂ©, usĂ© mĂȘme, il dĂ©couvre lâexistence dâune organisation baptisĂ©e Millenium et qui pourrait Ă nouveau le rendre utile. Changeant de ton Ă chaque saison, la sĂ©rie nâexistera que pendant trois ans. Notons que ces deux titres verront leurs histoires prendre fin au sein de X-Files Aux FrontiĂšres du RĂ©el. X-Files â Fight the Future A la base, Chris Carter voulait clĂŽturer son Ćuvre Ă lâissue de la cinquiĂšme saison et terminer la saga par une suite de films. Eh bien non ! 20th Century Fox a vu cela dâun tout autre Ćil. Pour la chaĂźne, pas question de lĂącher leur poule aux Ćufs dâor. Elle donne nĂ©anmoins son feu vert pour une sortie en salles, mais les lois de lâaudimat imposent de continuer aussi sur les ondes hertziennes. Lâami Carter se voit alors dans lâobligation de concocter un scĂ©nario sâintercalant entre la saison cinq et six, pouvant ĂȘtre vu et compris par des gens nâayant jamais visionnĂ© la sĂ©rie. Qui plus est, il faut caser le tournage durant la pause entre la saison quatre et cinq, soit un an Ă lâavance, avec la difficultĂ© supplĂ©mentaire de respecter la continuitĂ© de la sĂ©rie, puisque le film sâintĂšgre dans le fameux Mytharc. La rĂ©gression schizophrĂ©nique ayant Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e, Chris Carter rĂ©ussit son pari et le film X-Files Fight the Future intelligemment traduit en X-Files, le film » en VF sortira en salle en 1998, et rencontrera un succĂšs international. Carter en profitera pour arrĂȘter de tourner Ă Vancouver Canada et rapatrier la production Ă Los Angeles. Trois ans plus tard, la tragĂ©die frappe les deux tours du World Trade Center. Et ses consĂ©quences sont politiques, sociales, financiĂšres, mĂ©diatiques et culturelles. La fin de X-Files a eu lieu pendant lâadministration Bush et aprĂšs les Ă©vĂ©nements du 11 septembre 2001, nous avons trĂšs rapidement compris que les gens ne pouvaient pas simplement sâexprimer ouvertement et publiquement sur ce quâils pensaient que nous devrions faire ou pas, suite Ă ce quâil sâĂ©tait passĂ©. Jusque-lĂ , la sĂ©rie avait â et a toujours â principalement pour sujet les complots gouvernementaux. Il y en a Ă lâheure actuelle qui affirment que le gouvernement a eu connaissance ou a provoquĂ© ces Ă©vĂ©nements, ou encore que ça a Ă©tĂ© une ruse et une excuse pour aller en Irak⊠Mais ce nâĂ©tait plus acceptable que des gens puissent accuser le gouvernement de mentir ou de nâĂȘtre pas digne de confiance. Et câĂ©tait la base de notre sĂ©rie. Gillian Anderson. Le show prend fin le 19 mai 2002 aux Ătats-Unis. En France, ce sera en le 22 janvier 2003. Le service des affaires non classĂ©es a officiellement fermĂ© ses portes. Laissant une marque indĂ©lĂ©bile sur la tĂ©lĂ©vision, et de façon plus gĂ©nĂ©rale dans la pop-culture, il inspirera plus dâune sĂ©rie Supernatural, les trois premiĂšres saisons de Smallville toutes les deux tournĂ©es au Canada mais aussi Torchwood, le crĂ©ateur gallois Russel T. Davies citant X-Files comme source dâinspiration majeure. X-Files I Want to Believe Cinq ans aprĂšs la fin de la sĂ©rie, un deuxiĂšme film sort dans les salles sous le titre I Want To Believe X-Files RĂ©gĂ©nĂ©ration en VF. Si le premier long mĂ©trage se concentrait Ă mort sur le Mytharc, ce second volet est une caricature dâĂ©pisode de monstre de la semaine ». Et pas un des meilleurs. Les personnages y sont plan-plan, on y apprend que Mulder se cachait mais pas vraiment, quâil est avec Scully mais pas vraiment, quâil y a un scĂ©nario mais pas vraiment. Bref, on sâen fout. Et nous nâĂ©tions a priori pas les seuls, puisque le film sera un Ă©chec cuisant. Certains rejetteront la faute sur la sortie de The Dark Knight une semaine auparavant, mais ne nous voilons pas la face le 2Ăšme long mĂ©trage estampillĂ© X-Files Ă©tait tout sauf mĂ©morable. Ce qui nâempĂȘchera pas de nombreux fans de continuer Ă sâemballer pour lâunivers, comme le dĂ©montre la sortie de nombreux comic books poursuivant lâhistoire jusquâaux saisons dix et onze. La verite est ailleurs⊠et surtout de retour sur la FOX AprĂšs lâĂ©chec cuisant de son pilote The After pour Amazon passĂ© sous le radar de pratiquement tout le monde, Chris Carter voulait relancer la machine X-Files avec un troisiĂšme film, mais dĂ» finalement abandonner lâidĂ©e aprĂšs trois tentatives infructueuses de monter le projet. Câest finalement en tĂ©lĂ© que la sĂ©rie renaĂźtra de ses cendres, projet initiĂ© en janvier 2015 sous lâimpulsion du PDG du Fox Television Group, Gary Newman. Carter accepte dâemblĂ©e. Duchovny se remettait de plusieurs annĂ©es sur Californication et Aquarius ou sa NĂ©mĂ©sis nâĂ©tait autre que Charles Manson. Suite Ă sa sĂ©rie britannique elle habite Ă Londres, The Fall, Anderson avait tournĂ© en tant que psychanalyste du Docteur Lecter dans la sĂ©rie tĂ©lĂ© Hannibal. Une fois surmontĂ©e la difficultĂ© de trouver un moment pour rĂ©unir les trois principaux Ă©lĂ©ments » de la sĂ©rie Carter, Duchovny et Anderson malgrĂ© leurs emplois du temps chargĂ©s, le retour peut enfin sâamorcer. Dernier petit accroc Ă rĂ©gler Gillian Anderson se voit offrir la moitiĂ© du salaire de Duchovny pour rĂ©intĂ©grer la sĂ©rie. Une offre quâelle ne peut dĂ©cemment accepter, considĂ©rant que son personnage reprĂ©sente plus quâun vulgaire sidekick. Heureusement, aprĂšs quelques houleuses nĂ©gociations, les deux stars se retrouveront finalement sur un pied dâĂ©galitĂ© financier. Je veux croire Alternant Mytharc et monstre de la semaine, la Fox diffuse le premier Ă©pisode le dimanche et le deuxiĂšme le lundi, histoire de frapper un grand coup. Carter nous prouve que son bĂ©bĂ© nâest pas mort. Loin de lĂ . Tout les Ă©lĂ©ments qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie originale sont prĂ©sents la conspiration, la parano, le ton espiĂšgle et dark en mĂȘme temps. Le gouvernement en prend plein la tronche, George W aussi au passage, et la sĂ©rie se moque des Ă©missions rĂ©acs sĂ©vissant sur Youtube. Il y a mĂȘme une rĂ©fĂ©rence au nazisme le titre My Struggle » est la traduction anglaise de Mein Kampf ». MĂȘme le gĂ©nĂ©rique est dâĂ©poque. Comme si la sĂ©rie ne sâĂ©tait jamais arrĂȘtĂ©e. Jâai carrĂ©ment hĂ©sitĂ© Ă chercher une VHS pour enregistrer, par rĂ©flexe saloperie de trilogie du samedi soir. Maudit sois-tu, M6 ! Si vous avez encore le moindre doute sur le fait que cette sĂ©rie constitue une pierre angulaire de lâhistoire de la tĂ©lĂ©vision, posez-vous simplement cette question vous en connaissez beaucoup des sĂ©ries qui ont des accessoires qui terminent au Smithsonianâs National Museum of American History dont le scĂ©nario du pilote et le poster I Want To Believe », et qui reprennent lĂ oĂč elles sâĂ©taient arrĂȘtĂ©es quatorze ans plus tĂŽt comme si de rien nâĂ©tait ? Câest bien ce que je pensais⊠Note cet article est lâĂ©quivalent de 4 Ă 5 pages de magazine. Il nâest possible de rĂ©diger des papiers de cette taille que grĂące Ă nos soutiens Paypal, mais surtout Ă nos patrons. Oui, on sait, câest pas le bon terme. Mais nous, ça nous fait rire. Et quand on reçoit des sous aussi, dâailleurs. Du coup, merci Ă vous, qui mettez la main Ă la poche pour nous inciter Ă bien bosser ! Et si vous nâavez pas encore franchi le pas, pensez Ă soutenir Geekzone pour que nous puissions augmenter la cadence !
Leblanc des quartiers devait se montrer sympathique, tolérant et ouvert d'esprit envers Moustapha son voisin de palier puis d'un coup devenir gueulard en crachant sa bave couleur écume de bouldogue Français vieillissant envers le bougnoule envahisseur, les yeux rivés devant un reportage TF1 le verre de ricard à la main le blanc était capable d'aller à son boulot
Abstract Outline Text Bibliography Notes References About the author Abstracts Le rĂȘve amĂ©ricain dâune union plus parfaite» sâest confrontĂ© depuis son origine Ă la ligne de couleur. Dans le contexte des Ătats-Unis la recherche du consensus national a pris une forme spĂ©cifique, celui dâune religion civile» Bellah 1973 relayĂ© puissamment par la force des grands mĂ©dias. Câest dans le cadre du consensus libĂ©ral que lâhistoire du mouvement des droits civiques est dâabord Ă©crite. Son rĂ©cit dominant prĂ©sente une version simplifiĂ©e, expurgĂ©e, dans un cadre spatial et temporel par trop limitĂ©. Les omissions nombreuses et la panthĂ©onisation de quelques figures permettent de mieux dissimuler les rĂ©cits divergents. The American dream of a âmore perfect unionâ was blocked by the color line from the beginning. In the US context, the quest for a national consensus took a specific form, a âcivil religionâ Bellah 1967, powerfully broadcasted by the major media outlets. The history of the civil rights movement has been written into the general framework of the liberal consensus. Its master narrative shows a simplified version, expunged, and restricted to a very limited spatial and temporal framework. The numerous omissions and the enshrining of a few main names hide the diverging narratives. Top of page Full text Le passĂ© ne meurt jamais. Il nâest mĂȘme pas passĂ© Faulkner 1951 1 âOne is astonished in the study of history at the recurrence of the idea that evil must be forgotte ... En Ă©tudiant lâhistoire on ne peut quâĂȘtre stupĂ©fait par la rĂ©pĂ©tition de cette idĂ©e que le mal doit ĂȘtre oubliĂ©, dĂ©formĂ©, Ă©crĂ©mĂ©. Nous ne devons pas nous rappeler que Daniel Webster se saoula, mais quâil fut un extraordinaire constitutionnaliste. Nous devons oublier que George Washington fut un propriĂ©taire dâesclaves ⊠et nous souvenir simplement de ce que nous jugeons positifs et qui peut nous inspirer. La difficultĂ© Ă©videmment de cette philosophie, est que lâhistoire perd sa valeur incitatrice et exemplaire ; elle dĂ©peint des hommes parfaits et de nobles nations, mais elle ne dit plus la vĂ©ritĂ© Dubois 1935.1 Introduction 2 La politique de discrimination positive a Ă©tĂ© mise en place Ă partir des annĂ©es 1960 aussi bien Ă t ... 3 Selon les partisans dâune interprĂ©tation color-blind de la Constitution, la meilleure maniĂšre dâen ... 4 Jim Crow dĂ©signait des arrĂȘtĂ©s discriminatoires votĂ©s dans les Etats du Sud aprĂšs la guerre de SĂ©ce ... 5 âNo history of Jim Crow, no history of anger, no history of slavery. All the bad stuff in our histo ... 6 Soit lâexact contraire de ce quâont tentĂ© par exemple les procĂšs sud-africains de la commission VĂ©r ... 1LâĂ©lection dâObama en 2008 a Ă©tĂ© lâoccasion, non pas dâune mobilisation pour les droits des minoritĂ©s, mais au contraire dâune offensive conservatrice, tant sur les origines du nouveau prĂ©sident que sur tous les programmes de discrimination positive affirmative action.2 Elle a donnĂ© lieu Ă un vĂ©ritable dĂ©ferlement de discours sur lâavĂšnement dâune prĂ©tendue Ăšre color-blind,3 supposĂ©e exempte de discrimination raciale. Dans un article de fĂ©vrier 2009, Janine Jackson cite un journaliste de NBC qui dĂ©clare Ă cette occasion Pas dâhistoire de Jim Crow,4 pas de colĂšre, pas dâesclavage, ce type ne trimbale pas tous les sales trucs de notre histoire» Jackson 2009.5 Ainsi lâĂ©lection dâObama semble dĂ©culpabiliser la nation vis-Ă -vis de son passĂ© esclavagiste et discriminatoire. Pour lâhistorien Holzer cette Ă©lection rĂ©pond au rĂȘve de Lincoln exprimĂ© dans lâadresse de Gettysburg dâune nouvelle nation conçue dans la libertĂ© et vouĂ©e Ă la thĂšse selon laquelle tous les hommes sont créés Ă©gaux » Holzer 2009. Cette Ă©lection devrait permettre la tabula rasa dâun passĂ© Ainsi lâhistoire comme la mĂ©moire des Africains AmĂ©ricains depuis lâesclavage jusquâaux mobilisations pour les droits civiques des annĂ©es 1950 et 1960 ont-ils partie liĂ©e avec les enjeux politiques contemporains. 7 Lâouvrage Ă©ponyme dâHobsbawm et Ranger a popularisĂ© ce concept qui souligne la maniĂšre dont des inn ... 8 Les termes utilisĂ©s pour dĂ©signer les Noirs amĂ©ricains nâont cessĂ© dâĂ©voluer. Dâabord African dans ... 9 Et ce dĂšs la fondation des Etats Unis. La section deux de lâarticle premier de la constitution de 1 ... 10 Il sâagit Ă©videmment de lâassassinat du jeune Africain AmĂ©ricain, Michael Brown, le 9 aout 2014, pa ... 2Cet empressement Ă vouloir refermer la cicatrice de la ligne de couleur» Douglass 1881 nâest en rien un phĂ©nomĂšne nouveau. En effet lâ invention dâune tradition »7 Hobsbawm et Ranger 1983 nationale amĂ©ricaine sâest tout dâabord faite sans les Noirs8 et mĂȘme contre Alors que la premiĂšre sĂ©rie de lois sur les droits civiques cĂ©lĂšbre en 2014 ses cinquante ans, lâidentitĂ© nationale reste plus que jamais clivĂ©e par la question raciale, comme les Ă©vĂ©nements de Fergusson de lâĂ©tĂ© de la mĂȘme annĂ©e en tĂ©moignent plus que 3Nous ferons lâhypothĂšse que les passĂ©s esclavagistes, sĂ©grĂ©gationnistes, et discriminatoires affrontent de puissants mĂ©canismes qui contribuent soit Ă leur oubli, soit Ă un rĂ©cit Ă©dulcorĂ© et acceptable du passĂ©. Nous aborderons particuliĂšrement la pĂ©riode large qui autour des mouvements pour les droits civiques, a vu se mobiliser des fractions importantes de la population africaine-amĂ©ricaine, entre 1945 et les annĂ©es 1970. 11 Un consensus libĂ©ral dĂ©fini comme une chape de plomb politique qui fait taire les voix contestatair ... 12 Le systĂšme amĂ©ricain de la libre-entreprise est diffĂ©rent de lâancien capitalisme. Il est dĂ©mocra ... 4Cette pĂ©riode qui sâouvre avec la guerre froide voit triompher le consensus libĂ©ral, tel que le journaliste britannique Godfrey Hodgson le dĂ©finit en 1976, la foi dâune grande nation au sommet de sa confiance en elle-mĂȘme et de sa puissance». Il sâest forgĂ© dans la pĂ©riode du New Deal mais son contenu se modifie dans le contexte de la guerre froide. Il associe le libĂ©ralisme dans le domaine racial au libĂ©ralisme Ă©conomique, dans un double refus du communisme et du fascisme ou dâautres thĂ©ories rĂ©actionnaires. Hodgson le dĂ©finit comme un âlibĂ©ralisme conservateur,â11 portĂ© par la foi selon laquelle la croissance amĂ©ricaine permettrait dâabolir les âinjustices et les inĂ©galitĂ©sâ sans heurt et sans sacrifice pour les classes Cette pĂ©riode est souvent dĂ©crite comme celle dâun grand conformisme social et politique, liĂ© Ă la fois au Maccarthisme et au dĂ©veloppement de la consommation de masse Hodgson 1976. Câest dans ce cadre que lâhistoire du mouvement pour les droits civiques va tout dâabord ĂȘtre Ă©crite. 5Alors que les mobilisations contre la sĂ©grĂ©gation et la discrimination se dĂ©veloppent aprĂšs la Seconde guerre mondiale, la vision qui en est donnĂ©e, par les mĂ©dias comme par les historiens, participe, dans le feu des Ă©vĂ©nements, Ă une Ă©criture des faits conforme au consensus national tel quâil domine alors. Ainsi une certaine Ă©criture de lâhistoire, avec des oublis et des silences, mais aussi un phĂ©nomĂšne dâicĂŽnisation de quelques hĂ©ros et de quelques Ă©pisodes choisis masquent la complexitĂ© dâune rĂ©alitĂ© contradictoire. LâĂ©lection dâObama semblait parachever ce rĂ©cit du conflit racial rĂ©solu par la voie dĂ©mocratique. 1. Un consensus historique bancal le rĂ©cit dominant Naissance des Black Studies 6Si la question de lâesclavage fut continuellement dĂ©battue, les Noirs amĂ©ricains ne faisaient partie ni de la nation, ni du rĂ©cit national. Ils nâĂ©taient guĂšre prĂ©sents dans le champ historique, ni comme sujets ni comme acteurs et auteurs de leur propre rĂ©cit, dâabord simplement car ils Ă©taient presque totalement exclus des universitĂ©s, hormis quelques universitĂ©s noires. La production historienne quant Ă lâesclavage reste longtemps dĂ©terminĂ©e par cette exclusion des Noirs. Pendant la pĂ©riode esclavagiste les Noirs libres Ă©taient relativement nombreux, mais ils restaient exclus du champ de lâhistoire acadĂ©mique, et ce sont dâautres sources, et notamment les slave narratives, les rĂ©cits dâesclaves qui portaient leurs voix en faveur de lâabolition. DĂšs la fin du dix-neuviĂšme siĂšcle diffĂ©rents intellectuels noirs produisent des Ă©tudes majeures, tel Du Bois, mais leurs travaux restent cependant marginaux Du Bois 1899. Ce sont les mobilisations des annĂ©es 1950-1960 qui conduisent Ă la naissance des Black Studies une rĂ©volution historiographique qui introduisit les descendants des ex-esclaves en tant quâacteurs. 7Les analyses se multipliĂšrent dans le cours mĂȘme des Ă©vĂ©nements. Une gĂ©nĂ©ration de chercheurs assiste ou participe aux Ă©vĂ©nements qui, des villes du Sud, sâĂ©tendent ensuite notamment aux campus universitaires dans le reste du pays. 13 Qui Ă©crira lâouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le CORE Meier et Rudwick 1975. 14 Il assiste dans les annĂ©es 1960 aux meetings du SNCC et du CORE, il se dĂ©finit alors comme un par ... 15 Le Student National Coordinating Committee, SNCC, Ă savoir une organisation dâĂ©tudiants noirs créée ... 16 Dont il se fera licencier pour son soutien ouvert au SNCC. En 1957 ses Ă©tudiantes obtiennent la dĂ©s ... 17 Il faut citer lâengagement de trĂšs nombreux historiens blancs en faveur de la dĂ©sĂ©grĂ©gation. Ainsi ... 8Les premiers Ă©crits sur le mouvement sont ceux de journalistes, de militants. Puis Ă la fin des annĂ©es 1960 les premiers travaux dâhistoriens paraissent qui sont le fait dâuniversitaires blancs militants. Ainsi August Meier,13 enseigne au Tugaloo College Ă la fin des annĂ©es 1940, puis rejoint la Howard Zinn, Ă©crit en 1964 The SNCC The New Abolitionists »15 le SNCC, Student National Coordinating Committee est fondĂ© en 1960 Zinn 1964. Il enseignait depuis 1956 dans une universitĂ© noire, le Spelman College, Ă Nombreux sont les historiens qui se rangent aux cĂŽtĂ©s du mouvement, tels Leon Litwack, Allan Spear Verney 2006 5.17 9Ainsi lâune des spĂ©cificitĂ©s de cette histoire est de sâĂȘtre constituĂ©e, par le mouvement noir lui-mĂȘme. Les mobilisations des annĂ©es 1950-1960 portent notamment comme objectif la dĂ©sĂ©grĂ©gation dans les Ă©coles, y compris dans les universitĂ©s, et grĂące Ă laquelle le nombre dâĂ©tudiants noirs sâest ensuite rapidement Ă©levĂ©. Parmi ces Ă©tudiants, nombre dâentre eux vont multiplier les recherches sur lâhistoire africaine-amĂ©ricaine et imposer la question raciale comme une discipline Ă part entiĂšre au sein du systĂšme universitaire amĂ©ricain. 18 Carter G. Woodson publie en 1933 The Mis-Education of the Negro, qui dĂ©nonce lâisolement des intell ... 19 Il faut mentionner par exemple une nouvelle approche de lâhistoire de lâesclavage, reprĂ©sentĂ©e par ... 20 We demand a program of "Black Studies," a program that will be of and for black people. We demand t ... 10Mais pour les Ă©tudiants afro amĂ©ricains des annĂ©es 1960, il est plus temps de faire lâhistoire que de lâĂ©crire. La dĂ©sĂ©grĂ©gation scolaire leur a ouvert plus largement les portes de lâuniversitĂ©. Ils revendiquent le dĂ©veloppement de dĂ©partements consacrĂ©s aux Black Studies. Cela signifie le contrĂŽle sur sa propre histoire. Ă lâintĂ©gration dans le corps politique doit rĂ©pondre une intĂ©gration dans lâhistoire nationale. Mais lâobjectif nâest pas simplement dâouvrir des carriĂšres acadĂ©miques, mais dâĂȘtre au service de lâamĂ©lioration de la vie concrĂšte de la communautĂ©. Il existait une mĂ©fiance ancienne Ă lâencontre dâintellectuels noirs qui oubliaient leur origine, mĂ©fiance exprimĂ©e par exemple par Carter G. Woodson dans The Mis-Education of the Negro18 Woodson 1933. Pour Ă©viter ces travers, les Black Studies sâorganisent Ă part, dans le cadre plus large des Area Studies. Elles sâinstitutionnalisent, et les travaux se Dans lâUniversitĂ© de Californie Ă Berkeley les Ă©tudiants noirs du syndicat AASU, Afro-American Student Union, rĂ©clament en avril 1968 la formation dâun dĂ©partement quâils souhaitent voir nommer Black Studies Nous voulons un cursus de Black Studies qui sera lâĆuvre des Noirs et qui leur sera destinĂ©. Nous voulons ĂȘtre Ă©duquĂ©s hors du mensonge, et que tout enseignement qui essaye de nous mentir ou de nous dĂ©sinformĂ©s soit proscrit ».20 Ainsi une premiĂšre victoire des droits civiques, câest le droit Ă sa propre histoire. 11Les conflits majeurs quâont Ă©tĂ© les mobilisations africaines amĂ©ricaines, dont le mouvement dit des droits civiques, font dĂ©sormais partie prenante de lâhistoire nationale, Ă commencer par celle qui est enseignĂ©e. Mais ils sây sont intĂ©grĂ©s sous la forme dâun rĂ©cit qui masque les failles et les cicatrices, pour mieux valoriser le consensus. Une historiographie de lâapaisement dont la vision domine la scĂšne 21 Rappelons que Rosa Parks, militante de la NAACP, est Ă lâorigine du boycott des bus sĂ©grĂ©guĂ©s de Mo ... 12Dans Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism Benedict Anderson dĂ©crit ce quâil nomme le phĂ©nomĂšne du fratricide rassurant qui mĂ©tamorphose les conflits en banales querelles familiale Anderson 2006. Il dĂ©montre comment lâunitĂ© nationale se forge Ă travers une dialectique permanente dâoublis, de souvenirs et dâinventions. Aux Ătats-Unis lâoubli de la furie raciste des Blancs du Sud va de pair avec la cĂ©lĂ©bration de personnages emblĂ©matiques tels Rosa Parks et Martin Luther King. Un pasteur baptiste qui multiplie les appels Ă la non-violence, câest sans doute la figure la plus rassurante que pouvait produire le mouvement. Mais surtout les dĂ©clarations plus radicales de King, Ă commencer contre la guerre du Vietnam aprĂšs 1965, ou ses choix politiques alors quâil lance la campagne contre la pauvretĂ©, la Poorâs People Campaign, Ă partir de 1967, sont passĂ©s sous silence. De mĂȘme Rosa Parks21 est-elle devenue une icĂŽne qui masque la radicalitĂ© de son action et de sa pensĂ©e. 22 Il sâagit dâun article en ligne âAnybody wh ... 23 Cette organisation radicale, qui voulait associer nationalisme noir et communisme, fut fondĂ©e Ă Oak ... 24 âPanthers are portrayed more as a group of sloganeering radicalsâŠâ, voir ... 13Certaines Ćuvres de fiction reprennent avec moins de nuances ce type de rĂ©cit, voire des points de vue qui ne font guĂšre lâunanimitĂ©, ni parmi les historiens, ni parmi les tĂ©moins de ces faits. Ainsi le film Mississipi Burning dâAlan Parker 2001 donne Ă voir un Ă©pisode qui, certes, nâest pas toujours le plus mis en lumiĂšre, puisque son scĂ©nario prend pour canevas lâenquĂȘte autour du meurtre de trois jeunes liĂ©s au SNCC en 1964. Mais ses hĂ©ros sont deux agents du FBI qui cherchent Ă faire triompher la vĂ©ritĂ©. Howard Zinn, fait un commentaire peu amĂšne sur le film et sa vision dâun Ătat fĂ©dĂ©ral protecteur Quiconque Ă©tait engagĂ© alors dans le mouvement dans le Sud savait ceci dâune façon absolument certaine le FBI ne pouvait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un ami du mouvement pour les droits civiques, et il nâen Ă©tait pas un. »22 Steven F. Lawson propose une vision qui nuance les propos de Zinn en soulignant le rĂŽle essentiel de la politique fĂ©dĂ©rale le gouvernement fĂ©dĂ©ral a rendu la rĂ©forme possible mais les Noirs du Sud lâont rendu nĂ©cessaire » Lawson et Payne 2006 42. Il nâen demeure pas moins que la vision donnĂ©e par Alan Parker reste trĂšs contestĂ©e. Plus rĂ©cemment le film The Butler de Lee Daniels 2013 a proposĂ© un rĂ©cit lui aussi marquĂ© par cette vision de lâhistoire. Selon Peniel Joseph, historien africain-amĂ©ricain spĂ©cialiste du mouvement nationaliste noir, lâimage qui est donnĂ©e dans ce film des PanthĂšres Noires, les Black Panthers,23 est celle dâun groupe qui ne fait que manier les slogans. »24 14La mĂ©moire traumatique des Ă©vĂ©nements est ainsi filtrĂ©e et dĂ©formĂ©e pour donner naissance Ă une image du Sud fortement remaniĂ©e et intĂ©grĂ©e dans le projet dĂ©mocratique. Cette simplification et ces dĂ©formations participent Ă la production dâune version plus consensuelle qui fait disparaĂźtre de la scĂšne Ă la fois les blessures passĂ©es et les tensions toujours prĂ©sentes qui ont partie liĂ©e avec les limites du mouvement des droits civiques et de ses accomplissements. Cependant depuis plus de vingt ans un puissant renouveau historiographique a ouvert de nouvelles voies qui redonnent Ă ces Ă©vĂ©nements leur complexitĂ© et leur profondeur. Une historiographie profondĂ©ment renouvelĂ©e 15Jacqueline Dowd Hall a Ă©tĂ© lâune des premiĂšres Ă remettre en question les prĂ©supposĂ©s de lâhistoriographie dominante dans leur globalitĂ©. Elle dĂ©montre comment lâhistoriographie classique passe sous silence certains faits en limitant son champ dâinvestigation Ă une pĂ©riode de dix annĂ©es, de 1954 Ă 1964 commençant par lâarrĂȘt Brownž qui dĂ©clara la sĂ©grĂ©gation Ă lâĂ©cole non constitutionnelle et se terminant par la loi de 1964 qui mettait en thĂ©orie fin Ă la discrimination, notamment Ă lâembauche. Elle dĂ©finit dans un article de 2005 ce quâelle nomme un rĂ©cit dominant master narrative qui exclut des luttes pour les droits civiques les expĂ©riences les plus radicales et les voix des femmes des luttes pour les droits civiques 25 Bowdler publia en 1818 une version expurgĂ©e de lâĆuvre de Shakespeare, the Family Shakespeare, quâi ... 16Le rĂ©cit dominant, en limitant la lutte pour les droits civiques au Sud Ă des hĂ©ros bowdlerisĂ©s, 25 Ă une seule dĂ©cennie idyllique, et Ă des objectifs non Ă©conomiques limitĂ©s, a comme rĂ©sultat Ă la fois de magnifier ce mouvement, tout en le diminuant. [âŠ] Ce rĂ©cit empĂȘche que lâun des plus remarquables mouvements de masse de lâhistoire amĂ©ricaine puisse rĂ©pondre efficacement aux dĂ©fis de notre Ă©poque » Hall 2005. 17Ces regards divergents ont peut-ĂȘtre finalement leurs sources dans la vision portĂ©e sur la situation actuelle des relations raciales. La majoritĂ© des Noirs restent convaincus que le rĂȘve amĂ©ricain ne fonctionne que pour les Blancs Hochschild 1996. 26 âFirst, this new scholarship reperiodizes the Civil Rights-Black Power era by pushing the chronolog ... 18Les choix dâune pĂ©riode limitĂ©e, et dâun espace limitĂ©, le Sud oĂč lâaction non-violente a dâabord prĂ©valu, sont essentiels pour limiter la portĂ©e de ce conflit et ses consĂ©quences au prĂ©sent. Jacqueline Dowd Hall y oppose une histoire longue du mouvement des droits civiques long civil rights movement Hall 2005 dont la portĂ©e dĂ©passe le simple cadre du vote en mettant lâaccent sur les droits humains. Remarquons aussi lâapparente contradiction que nous aborderons plus aprĂšs, entre un mouvement tout Ă la fois magnifiĂ© et diminuĂ© lâicĂŽnisation de certains acteurs et de certains Ă©vĂ©nements permet de masquer la pluralitĂ© des options militantes et politiques des membres du rang » du mouvement. Les voix discordantes sont rĂ©appropriĂ©es par ce rĂ©cit historique consensuel et neutralisĂ©es. Ainsi malgrĂ© leur rĂŽle extrĂȘmement important dans le mouvement des droits civiques, les femmes noires du Sud sont exclues des premiers Ă©crits historiques. Lâhistoriographie traditionnelle a Ă©tĂ© battue en brĂšche par lâexploitation des sources orales. Jacqueline Dowd Hall suit la voie ouverte par le journaliste engagĂ© Studs Terkel et son histoire orale de la crise Terkel 1970 ou par lâhistorien italien Alessandro Portelli, auteur dâune histoire orale des mineurs du Harlan County Portelli 2010 pour donner la parole aux anonymes et aux oubliĂ©s de lâhistoire. Les bornes temporelles des recherches se sont Ă©largies. Joseph Peniel parle dâune nouvelle Ă©rudition qui pĂ©riodise diffĂ©remment lâĂšre des Droits CiviquesâBlack Power en Ă©largissant la chronologie du radicalisme noir des annĂ©es 1950 aux annĂ©es 1970 ».26 Depuis les annĂ©es 1990 les recherches se sont multipliĂ©es au-delĂ de la pĂ©riode qui sâachĂšve en 1964, autour notamment des Black Power Studies Joseph 2007; Joseph 2006. 19Ainsi le clivage entre une premiĂšre phase du mouvement jusquâen 1964 prĂ©sentĂ©e comme ordonnĂ©e et efficace suivi par le chaos des Ă©meutes et la confusion politique et organisationnelle de la pĂ©riode du Black Power est-il dĂ©passĂ©. 27 Le terme libĂ©ral » dĂ©signe au sens amĂ©ricain un libĂ©ralisme politique qui prend son sens moderne ... 28 Bayard Rustin 1917-1987 fut lâun des principaux stratĂšges de lâorganisation SCLC, Southern Christ ... 29 In ways I can only suggest here, northern and southern activists influenced one another. The topi ... 20Alors que Dowd Hall cherche Ă contextualiser les annĂ©es 1950-1960 dans un cadre temporel plus large, dâautres sâattachent Ă resituer ces Ă©vĂ©nements dans un cadre spatial plus vaste. Ainsi lâopposition entre un Vieux Sud raciste et un Nord libĂ©ral et tolĂ©rant est-elle aussi remise en cause. Comme le choix dâune pĂ©riode classique, celui dâun espace restreint oriente le propos. Les lieux sont chargĂ©s de sens et lâopposition Nord-Sud contribue Ă donner une image libĂ©rale du Nord, dans le sens que ce mot prend aux Ătats-Unis, dâune sensibilitĂ© Seul le Sud serait coupable du racisme et de discriminations. Ainsi Bayard Rustin28 identifie un Sud et un Nord oĂč les problĂ©matiques seraient diffĂ©rentes, et cette distinction gĂ©ographique sĂ©parerait deux types dâoppressions, hĂ©ritĂ©es dâĂ©volutions historiques distinctes. Pourtant Malcolm X situait les plus grands obstacles Ă lâĂ©mancipation au Nord. Il dĂ©nonce avec insistance les faux amis Les libĂ©raux du Nord montrent le Sud dâun doigt accusateur depuis si longtemps et avec une telle impunitĂ© quâils font des crises de nerfs quand on les dĂ©masque pour ce quâils sont les premiers des hypocrites» [Malcolm] X et Haley 1993 274. Des recherches rĂ©centes Sugrue 2009 ont remis en cause cette dichotomie par laquelle Nord et Sud sont posĂ©s comme des outils dâanalyse sans avoir Ă©tĂ© auparavant problĂ©matisĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres [âŠ] les activistes du Sud et du Nord se sont influencĂ©s mutuellement. Ce sujet, largement encore inexplorĂ©, mĂ©rite un livre entier ».29 Des lieux ou des entitĂ©s gĂ©ographiques, le Sud, le ghetto, sâimposent, non seulement en tant que localisation, mais aussi en tant que concepts, sans que leur Ă©vidence ne soit rĂ©ellement questionnĂ©e. Le Sud rĂ©sume un hĂ©ritage, un systĂšme social qui sâil existe nâest pas le mĂȘme en tout lieu et nâest pas non plus coupĂ© intrinsĂšquement du Nord. 30 Voir notamment cet article sur la Bottom-up approach » approche du bas vers le haut » http//ww ... 31 The very different, sanitized narrative that has come to dominate textbooks, the popular culture, ... 21Nous devons aussi mentionner diffĂ©rents travaux qui ont en commun une analyse focalisĂ©e sur un espace restreint, une ville, un comtĂ©, Ă partir duquel la complexitĂ© du mouvement est mise en lumiĂšre. Emily Crosby consacre ses recherches Ă redonner Ă travers lâexemple du Clairborne County, sa place Ă lâauto dĂ©fense dans le mouvement des droits civiques Crosby 2005. Cette histoire veut sâĂ©crire du bas vers le haut »30 et donne toute sa place aux acteurs secondaires, ceux qui ont Ă©vitĂ© les camĂ©ras mais agit localement. Elle rend compte de ce renouveau qui lui a permis de dĂ©passer le rĂ©cit aseptisĂ©, qui avait fini par dominer aussi bien les manuels scolaires, la culture populaire et encore trop de travaux dâhistoriens » Crosby 2011 2.31 John Dittmer en est un prĂ©curseur Dittmer 1994, tout comme Charles Payne Ă propos du Mississipi Payne 2007. 22Enfin dâautres chercheurs renouvellent le regard sur des acteurs Ă la fois trĂšs connus mais dont la prĂ©sentation a Ă©tĂ© partiale, et dĂ©formĂ©e. Jeanne Theoharis nous offre ainsi une nouvelle vision de Rosa Parks aprĂšs le boycott de Montgomery, plus proche de la personne rĂ©elle que du symbole quâelle est devenue J. F. Theoharis et Woodard 2003; J. Theoharis 2013b. 23Le renouveau de lâintĂ©rĂȘt pour les annĂ©es 1960, pour des espaces qui nâĂ©taient au cĆur des analyses Ă propos du mouvement des droits civiques, pour des thĂ©matiques nouvelles tout cela a contribuĂ© Ă Ă©branler le grand rĂ©cit classique et nous permet dâenvisager celui-ci comme le fruit de la recherche dâun consensus rassurant. 2. Tous AmĂ©ricains 24Le phĂ©nomĂšne de recherche dâun consensus national nâest pas spĂ©cifiquement amĂ©ricain, mais peut-ĂȘtre prend-il des formes singuliĂšres dans le contexte Ă©tatsunien, tant du point de vue des conflits fratricides qui ont marquĂ© le pays, que du point de vue de la nature du consensus recherchĂ©. Former une union plus parfaite » Un rĂȘve amĂ©ricain, le melting-pot 32 Elle est nĂ©e dâune premiĂšre guerre civile, la RĂ©volution amĂ©ricaine, qui vit sâaffronter loyalistes ... 33 Ces conflits nâont rien de spĂ©cifiquement amĂ©ricain, les chouans comme les mineurs grĂ©vistes anglai ... 25La nation amĂ©ricaine en formation sâest confrontĂ©e Ă toutes sortes de lignes de fractures internes, depuis la rĂ©volution jusquâĂ la guerre de La multiplicitĂ© des failles religieuses, politiques ou territoriales33 rend la recherche dâun consensus national complexe. Lâapport essentiel de lâimmigration au peuplement a fait le succĂšs du concept de melting-pot. Rappelons que cette expression a pour origine la piĂšce de théùtre dâIsraĂ«l Zangwill, montĂ©e pour la premiĂšre fois en 1908. Mais le texte en excluait les Noirs amĂ©ricains LâAmĂ©rique est le creuset de Dieu, le grand mĂ©lange dans lequel toutes les races se fondent et se transforment ⊠les Allemands et les Français, les Irlandais et les Anglais, les Juifs et les Russes tous dans ce creuset. Dieu y fabrique lâAmĂ©ricain » Zangwill 2006. Cette amĂ©ricanisation, que dĂ©crit notamment David Roediger dans The Wages of Whiteness Roediger 1999 Ă propos des Irlandais sâest faite prĂ©cisĂ©ment en opposition aux Africains AmĂ©ricains, dĂ©portĂ©s dâAfrique en esclavage et que le melting-pot ne concernait pas. La ligne de couleur reprĂ©sentait un tabou Ă la fois sexuel et social absolu dans la plupart des Ă©tats amĂ©ricains au dĂ©but du vingtiĂšmesiĂšcle, et cela malgrĂ© le rĂŽle de la religion qui imprĂšgne tous les idĂ©aux nationaux, pas forcĂ©ment en tant quâidĂ©ologie, mais comme un cadre de pensĂ©e. Suis-je le gardien de mon frĂšre ?» GĂ©nĂšse III, chapitre IV 34 Pour autant ce poids du religieux va de pair avec une laĂŻcitĂ© que Denis Lacorne dĂ©crit comme antĂ©ri ... 35 Par religion civile je me rĂ©fĂšre Ă la dimension religieuse, trouvĂ©e dans la vie quotidienne de ch ... 36 Qui rĂ©unit deux groupes dâacteurs prééminents ceux qui signĂšrent la DĂ©claration dâindĂ©pendance de ... 26Denis Lacorne a soulignĂ© lâimportance de la religion sur la constitution dâune identitĂ© amĂ©ricaine Lacorne 2007,34 tout en sâopposant au concept de religion civile»35 dĂ©veloppĂ© auparavant par Robert N. Bellah. Pour ce dernier en effet lâexpĂ©rience historique amĂ©ricaine est rĂ©interprĂ©tĂ©e y compris ses aspects les plus laĂŻcs, dans une dimension transcendantale et lâĂtat nouvellement indĂ©pendant se cĂ©lĂšbre au travers dâune vĂ©ritable religion de la Constitution, et dâun culte des pĂšres fondateurs, les Founding Fathers,36 Ă©levĂ©s au rang de saints laĂŻcs Bellah 1973. 37 Citons la libertĂ©, le Manifest Destiny, les Founding Fathers, la Constitution Ă©videmment, lâesprit ... 38 Câest le dĂ©but de lâAdresse de Lincoln Ă Gettysburg le 19 Novembre 1863 âA new nation, conceived ... 27Ces mythes fondateurs37 sont le ciment avec lequel le consensus national se bĂątit. Lâ AmĂ©ricanisme» prĂ©tend donner une place particuliĂšre Ă lâidĂ©ologie nationale, celle dâun exceptionnalisme amĂ©ricain, tel que le conçut tout dâabord Tocqueville, de cette nouvelle Nation, conçue dans la LibertĂ© et dĂ©vouĂ©e Ă lâidĂ©e que tous les hommes sont nĂ©s Ă©gaux.» 38 39 John Lewis, nĂ© en Alabama, le 21 fĂ©vrier 1940, lui aussi dans une famille de mĂ©tayer whooper au- ... 40 Mais câest encore dâune communautĂ© religieuse quâil sâagit, musulmane cette fois-ci. La religion se ... 28Dans les annĂ©es 1950 les Ă©glises noires du Sud ont constituĂ© la colonne vertĂ©brale du mouvement des droits civiques, qui sâest donc coulĂ© naturellement dans ce moule religieux. Ses premiers leaders ont appris leur rhĂ©torique au sĂ©minaire, quâils soient pasteurs, tel Martin Luther King, ou non, tel John Câest la radicalisation du mouvement Ă partir du milieu des annĂ©es 1960 qui fait surgir de nouvelles figures et de nouveaux thĂšmes, avec les mobilisations des Ă©tudiants du SNCC, le Student National Coordinating Committee et lâessor dâorganisations nationalistes noires, tels les Black 29Mais le support essentiel Ă la diffusion de ce modĂšle idĂ©ologique, câest la puissance de son Ă©conomie, fondement dâune culture de masse dĂ©veloppĂ©e bien avant ses Ă©quivalents europĂ©ens. La fabrique du consensus 41 Comme Jacqueline Dowd Hall le dĂ©montre dans You Must Remember This Autobiography as Social Criti ... 42 Emmett Till est cet adolescent de 14 ans assassinĂ© en 1955 Ă Money, Mississippi, pour avoir adressĂ© ... 43 Campagne lancĂ© par le SCLC contre la sĂ©grĂ©gation gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans cette ville dâAlabama. 44 En couvrant le mouvement pour les droits civiques, les mĂ©dias donnĂšrent Ă ses leaders et Ă sa bas ... 45 âImportant segments of the media failed to report adequately on the causes and consequences of civi ... 30Malcolm X devient une figure nationale par ses interventions radiophoniques et tĂ©lĂ©visĂ©es, Ă commencer en 1959 avec The Hate That Hate Produced Mike Wallace, Louis Lomax 1959. Ce rĂŽle prĂ©coce jouĂ© par les grands mĂ©dias est liĂ© au dĂ©veloppement prĂ©coce aux Ătats-Unis de la presse puis des mĂ©dias modernes. Leur rĂŽle a Ă©tĂ© notamment dĂ©crits par Edward Harman et Noam Chomsky qui parlent de fabrication du consensus » Chomsky et Herman 1988. Ces mĂ©dias relaient la diffusion dâune certaine vision de lâhistoire. Sa réécriture, ou plutĂŽt son Ă©criture par les mains de non-spĂ©cialistes, est le lieu de tous les accommodements avec les faits. Il nâest quâune cicatrice qui ne trouve pas de guĂ©rison, câest la barriĂšre de couleur. Le racisme sâexprime sans retenue dans le film Naissance dâune Nation Griffith 1915 tout comme les stĂ©rĂ©otypes raciaux se retrouvent dans Autant en emporte le vent Fleming, Cukor, et Wood 1940. Le film de Griffith permit au rĂ©cit nostalgique des confĂ©dĂ©rĂ©s, ce mythe de la Cause Perdue The Lost Cause, de passer de la mĂ©moire culturelle sudiste Ă la culture populaire de tout le Les Africains AmĂ©ricains sont ainsi exclus du rĂ©cit national en tant quâacteurs de leur propre histoire. Et lorsque finalement ils font irruption sur la scĂšne politique Ă travers leurs mobilisations, Ă partir du boycott de Montgomery, en 1955, les mĂ©dias nationaux donnent une vision partiale de leurs combats. Par la diffusion des images du cadavre dâEmmett Till,42 ou par celle des chiens policiers lancĂ©s contre les trĂšs jeunes manifestants Ă Birmingham en 1963,43 ils contribuent grandement Ă populariser le mouvement Blanchard 2013 374, et cela mĂȘme si les journaux du Sud sont eux souvent hostiles Ă la cause de la Cependant ils ne permettent pas de comprendre les raisons de la colĂšre comme le rapport Kerner souvent citĂ© le mentionne Des fractions importantes des mĂ©dias nâont pas su rendre compte dâune façon adĂ©quate des causes et des consĂ©quences des dĂ©sordres civils et des problĂšmes raciaux sous-jacents. Ils nâont pas communiquĂ© Ă la majoritĂ© de leurs auditeurs, qui sont Blancs, ce sentiment de dĂ©chĂ©ance, de misĂšre et de dĂ©sespoir liĂ© Ă la vie du ghetto. »45 46 Louis Hartz explique dans The Liberal Tradition in America Hartz 1955 lâabsence dâidĂ©ologie en Am ... 31Ce rĂŽle des mĂ©dias est essentiel dans le triomphe du consensus libĂ©ral, forgĂ© dans la pĂ©riode du maccarthysme et qui domine ensuite jusquâaux annĂ©es 1970 dans le contexte de la guerre froide. Ce consensus associe le libĂ©ralisme dans le domaine racial au libĂ©ralisme Ă©conomique, dans un double refus du communisme et du Câest sous son sceau que lâhistoire des mobilisations pour les droits civiques est dâabord Ă©crite, dans une version qui demeure compatible avec les idĂ©aux nationaux. Mais un autre facteur explicatif de cette historiographie consensuelle est Ă rechercher du cĂŽtĂ© mĂȘme des historiens qui lâont produite. Les historiens et leurs histoires 47 âBuilders and Heroes,â voir Verney 2006 3. 32Kevern Verney identifie diffĂ©rentes Ă©tapes historiographiques dont lâhĂ©ritage explique pour partie ce modĂšle du rĂ©cit dominant » Verney 2006. PassĂ©e la pĂ©riode de lâĂ©cole dite de la Reconstruction, pendant laquelle des historiens blancs Ă©crivent une histoire plus ou moins ouvertement raciste, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration dâauteurs noirs se rassemblent derriĂšre Carter Woodson, qui fonde en 1916 le Journal for Negro History. Les objectifs de Woodson impliquent de magnifier les accomplissements des bĂątisseurs et des hĂ©ros »47 et Ă sa suite une histoire exemplaire cherche Ă redonner une place Ă quelques figures majeures. Les premiers Ă©crits sur les droits civiques sâinscrivent dans cette tradition hĂ©roĂŻque, que domine la personnalitĂ© de Martin Luther King, Jr. 33Dâautres auteurs sont fortement influencĂ©s par les idĂ©aux dĂ©mocratiques du New Deal, dont ils partagent la volontĂ© rĂ©formatrice optimiste. Ainsi August Meier est-il le fils de deux New Dealers » radicaux Verney 2006 8. Lâaccent est alors mis sur le rĂŽle de lâEtat fĂ©dĂ©ral plus que sur les mobilisations elles-mĂȘmes. 34Enfin dans une large mesure les historiens africains amĂ©ricains des annĂ©es 1970, qui bĂ©nĂ©ficient de la plus grande ouverture des universitĂ©s, sont eux-mĂȘmes les produits des premiers succĂšs du mouvement dont ils peuvent cĂ©lĂ©brer Ă titre personnel les accomplissements plus que les limites. 35Celles-ci seront plus visibles quelques annĂ©es aprĂšs, alors que lâoffensive conservatrice de Reagan semble remettre en cause ces acquis. AprĂšs 1980 les idĂ©aux du Black Power sâeffacent, et le conservatisme progresse, y compris parmi les Africains AmĂ©ricains. Ces nouvelles menaces ont sans doute conduit Ă repenser la pĂ©riode antĂ©rieure. Ainsi pour William Julius Wilson la question noire doit ĂȘtre repensĂ©e en terme de stratification sociale Wilson 1980. Son travail ouvre la voie Ă une nouvelle articulation entre race et classe, et Ă un renouvellement du regard sur les limites des accomplissements juridiques du mouvement, et prĂ©pare le renouveau historiographique des annĂ©es qui suivent. 36La longue domination de ce rĂ©cit consensuel rĂ©sulte dâune convergence de facteurs. A travers diffĂ©rents processus cette production dâun rĂ©cit parcellaire se met en marche la limitation du champ de la recherche Ă une pĂ©riode classique » et Ă quelques lieux emblĂ©matiques, mais aussi les omissions, et Ă lâinverse la panthĂ©onisation de quelques figures dont la pensĂ©e politique est dĂ©formĂ©e et simplifiĂ©e. 3. MĂ©caniques du consensus Les lieux de mĂ©moire du mouvement 48 From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement». Commentary Magazine, 49 âThe term classicalâ appears especially apt for this phase of the civil rights movement.â 50 Ces rĂ©cits se trouvent le plus souvent repris par les amĂ©ricanistes français, comme par exemple Nic ... 37Cette histoire est souvent Ă©crite sur cette pĂ©riode de dix annĂ©es, de 1954 avec l'arrĂȘt Brown, mettant fin Ă la sĂ©grĂ©gation, Ă 1964-1965 avec la sĂ©rie de lois qui mettent fin Ă la lâexclusion du vote des Africains AmĂ©ricains, les diffĂ©rents Voting Rights Acts, qui accordent enfin le droit de vote aux Noirs â aprĂšs le 15Ăšme amendement de 1870, rĂ©servĂ© alors aux hommes noirs mais qui ne put jamais vraiment ĂȘtre appliquĂ© dans les anciens Ă©tats esclavagistes en raison de la rĂ©sistance farouche des Blancs du Sud. Ces diffĂ©rentes lois, les Civil Rights Acts de 1964 et Voting Right Act de 1965, sont prĂ©sentĂ©es bien souvent comme lâaboutissement du mouvement. Ainsi Bayard Rustin, un acteur essentiel dĂšs 1945 et un des organisateurs principaux de la Marche sur Washington en 1963, aux cĂŽtĂ©s de Martin Luther King, dĂ©finit dans lâarticle From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement48 ce quâil nomme une phase classique de 1954 Ă 1965 le terme classique apparait particuliĂšrement adaptĂ© pour dĂ©finir cette phase du mouvement pour les droits civiques » 49 pendant laquelle les fondements lĂ©gaux du racisme ont Ă©tĂ© dĂ©truits. La pĂ©riodisation traditionnelle est ainsi dominĂ©e par la distinction entre cette premiĂšre phase classique, dominĂ©e par les mobilisations dans le Sud, et les diffĂ©rents dĂ©veloppements dâaprĂšs 1965, moins relatĂ©s, qui constituent la lĂ©gende noire faite dâĂ©meutes et de violences, de nationalisme et radicalisme, dont la quasi disparition au fil des annĂ©es 1970 prouverait la vacuitĂ©. Cette pĂ©riode du Black Power, dont les limites temporelles sont plus floues a dâabord Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e. DiffĂ©rents Ă©crits tĂ©moignent de cette vision il faut citer notamment la puissante biographie de King dans lâaction par Taylor Branch, en trois volumes Branch 2006; Branch 2007, ou le travail de David Garrow, Bearing the Cross Garrow 2004.50 51 âThese histories are as much the product of forgetting as of remembering. To understand the history ... 38Nous avons citĂ© les exemples les plus rĂ©cents, pour montrer la prĂ©gnance de ce modĂšle jusquâĂ nos jours. Les Ă©meutes des annĂ©es 1960, les mouvements nationalistes radicaux, tout comme les revendications panafricaines et la dimension internationale du Black Power sont longtemps restĂ©s les parents pauvres des recherches en histoire. Ils Ă©taient prĂ©sentĂ©s comme des dĂ©rives inutiles dans une voie nationaliste qui sâavĂšrera finalement une impasse. Lâhistoire Ă©crite suivait ainsi le fil unique du combat pour lâĂ©galitĂ© des droits. Un rĂ©cit tĂ©lĂ©ologique se mit en place qui proposait une lecture apaisĂ©e du passĂ©, avec comme point dâaboutissement la conquĂȘte des droits politiques. La construction du sens se fait Ă rebours, selon une chaine de significations qui sont plaquĂ©es Ă posteriori, associĂ©s Ă lâoubli, Ă la marginalisation de ce que nâentre pas dans le cadre du rĂ©cit dominant. DĂšs lors se pose la question de savoir ce que ce rĂ©cit masque les faits oubliĂ©s loin des grandes campagnes de Montgomery, Birmingham ou de Selma. Ainsi Thomas Sugrue Ă©crit-il Ă propos dâ histoires qui sont autant le produit de lâoubli que du souvenir. Pour comprendre lâhistoire des droits civiques il est essentiel de rĂ©introduire le Nord. »51 Une mĂ©moire sĂ©lective 39Ce rĂ©cit dominant oublie la grande masse de ses acteurs au profit de quelques figures, quelques dates et quelques villes. PlutĂŽt que dâoublis il sâagit dâomissions, par lesquelles sâĂ©crit une histoire plus consensuelle, plus acceptable dans le cadre de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine. Un roman national oĂč Rosa Parks prendrait la place de notre Jeanne dâArc, en tant que mythe politique rĂ©conciliateur. Ce concept de roman national a Ă©tĂ© utilisĂ© par Pierre Nora en 1992 dans la conclusion des Lieux de mĂ©moire, pour dĂ©signer lâenseignement dâun rĂ©cit historique romancĂ© influencĂ© par la trame narrative des romans historiques qui repose sur la fabrication de causalitĂ©s plus ou moins mĂ©caniques qui donne de la cohĂ©rence et une certaine intrigue au flux Ă©vĂ©nementiel Nora 1992. La mĂ©canique dâun tel rĂ©cit, qui se parachĂšve par lâĂ©lection dâObama, est une simplification qui masque la complexitĂ© de la pĂ©riode et lâinachĂšvement de ces combats. 52 En reprenant le concept dĂ©veloppĂ© par deux historiens des sciences Ă propos dâun astronome français ... 40Certains Ă©vĂ©nements sont laissĂ©s de cĂŽtĂ©, hors du rĂ©cit principal. Tous ces autres combats, obscurcis par ce que le sociologue Barry Schwartz nomme lâ effet dâombre » shadow effect ont pourtant Ă©tĂ© indispensables ne serait-ce que pour lâobtention du droit de vote Schwartz 2009.52 Schwartz dĂ©crit dans un article Ă propos de Rosa Parks Schwartz 2009 comment au moins sept personnes contestĂšrent la sĂ©grĂ©gation dans les bus de Montgomery et de villes proches, avant que Rosa Parks ne soit remarquĂ©e pour avoir osĂ© refuser de sâassoir dans la partie rĂ©servĂ©e aux seuls Noirs dans un bus municipal. Mais aucun de ces cas nâeut dâĂ©cho. 41Ainsi le boycott des bus de Baton Rouge, en 1953, dont lâinitiateur fut le RĂ©vĂ©rend Theodore Jefferson Jemison, dĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre 2013, reste largement ignorĂ©. Pourtant il donna lieu Ă lâorganisation dâune milice pour lâautodĂ©fense, lâULD United Defense League. Cela pose une double question autour de lâĂ©vĂ©nement comment il advient, et comment il sâĂ©lĂšve au statut dâĂ©vĂ©nement. Ăric Fassin problĂ©matise ainsi la question de lâĂ©vĂ©nement comme une construction sociale Bensa et Fassin 2002. 53 âThrough the heart of Dixie, the way Sherman didâ. Lewis et DâOrso 1998 227 Le gĂ©nĂ©ral Sherman ... 42Si certains acteurs et certains Ă©vĂ©nements sont privilĂ©giĂ©s, ceux qui contredisent lâhistoriographie libĂ©rale sont minorĂ©s ou oubliĂ©s. Ă commencer simplement par la pĂ©riode qui suit les Voting Rights Acts de 1964 1965. Mais câest au sein mĂȘme du mouvement que les voix discordantes sont rĂ©duites au silence. Lâexemple du discours censurĂ© de John Lewis, dirigeant du SNCC, le Student National Coordinating Committee, en 1963, lors de la Marche sur Washington est Ă©clairant. Cette marche rassemblait un grand nombre dâorganisations noires venues faire pression sur le gouvernement pour le passage dâune loi fĂ©dĂ©rale antidiscriminatoire. Alors mĂȘme que le rassemblement bat son plein une rĂ©union dâurgence se dĂ©roule derriĂšre la statue de Lincoln avec John Lewis, William Randolph, Bayard Rustin, King et le rĂ©vĂ©rend Eugene Carson Blake. Ils obtiennent de Lewis quâil sâautocensure il retire de son discours une question critique qui ciblait John Kennedy De quel cĂŽtĂ© est le gouvernement fĂ©dĂ©ral ? » Mais aussi lâexpression trop tard et trop peu » pour qualifier les rĂ©ponses du gouvernement et une phrase qui menaçait le Sud de traverser le cĆur de Dixie, Ă la maniĂšre dont Sherman le fit » Lewis et DâOrso 1998 226,227.53 La marche de 1963 est aujourdâhui magnifiĂ©e comme une cĂ©lĂ©bration consensuelle et pacifique qui aboutit sans heurt Ă la victoire dĂ©mocratique. Cette image trompeuse masque lâĂąpretĂ© des tensions internes et des pressions gouvernementales. 54 Cette organisation de jeunesse, nĂ©e sous le parrainage des vieilles organisations traditionnelles, ... 43Les femmes sont les principales oubliĂ©es. Leur rĂŽle a pourtant Ă©tĂ© essentiel. Ainsi celui dâElla Baker, activiste depuis les annĂ©es 1930, au sein de la NAACP, puis de la SCLC, lâorganisation que King et Baker ont contribuĂ© Ă crĂ©er. Elle est surtout Ă lâorigine de la formation du SNCC54 Ă partir de 1960. Elle sâĂ©lĂšve contre le culte de la personnalitĂ© qui se construit autour de King et le peu de place laissĂ©e aux femmes. Ainsi aprĂšs le boycott de Montgomery ces femmes qui avaient prouvĂ© leur engagement, et qui avaient assez d'intelligence, et assez de contacts qui avaient Ă©tĂ© utiles et qui avaient trouvĂ© une place pour faire bouger les choses, ces femmes, on ne leur proposait rien, c'Ă©tait comme ça» Grant 1998. Manning Marable rappelle dans son introduction Ă un recueil de textes de Medgar Evers, de la NAACP, autre leader un peu laissĂ© dans lâombre, que si les personnalitĂ©s attiraient l'essentiel de l'attention des mĂ©dias et des analystes [âŠ] au niveau local, dans des centaines de quartiers, d'Ă©glises, d'Ă©coles et de centres communautaires, un autre type de leader prĂ©dominait » Evers-Williams et Marable 2006. Nous pouvons citer aussi Jo Ann Robinson, qui imprime tracts en une nuit pour prĂ©parer le boycott de Montgomery. Elle est une de celles que Manning Marrable a appelĂ© les leaders de l'ombre servants-leaders. Un modĂšle d'engagement civique qui cherche Ă inspirer le changement Ă travers l'exemple du sacrifice personnel » Evers-Williams et Marable 2006. Des hĂ©ros momifiĂ©s 44Le roman national amĂ©ricain a intĂ©grĂ© quelques hĂ©ros africains amĂ©ricains, pour mieux en oublier dâautres considĂ©rĂ©s trop radicaux ou non conformes aux idĂ©aux amĂ©ricains unAmerican, tout comme la troisiĂšme RĂ©publique française a façonnĂ© une histoire faite de hĂ©ros Ă©difiants et de silences troublants. Wineburg et Monte-Sanon ont rĂ©alisĂ© une enquĂȘte sur le panthĂ©on des AmĂ©ricains cĂ©lĂšbres en 2004 auprĂšs de 2000 lycĂ©ens des Ătats-Unis Martin Luther King arrive en tĂȘte, avec 67% des rĂ©ponses et Rosa Parks est seconde avec 60%. Et si on distingue le choix des Africains AmĂ©ricains, alors on obtient 82% pour King Wineburg et Monte-Sano 2008. La vision du mouvement qui aujourdâhui domine encore, sinon lâhistoriographie, du moins lâhistoire enseignĂ©e est celle dâun combat courageux dans lequel ces quelques figures tenaces entrainent la population dans la mobilisation. Cette quĂȘte hĂ©roĂŻque est accomplie par quelques hommes, plus rarement des femmes, de grand courage qui insufflent leur dĂ©termination Ă la masse des gens ordinaires et anonymes qui se dressent pour leurs droits Martin Luther King ou Rosa Parks en sont donc des archĂ©types. Mais ces figures hĂ©roĂŻques sont-elles mĂȘme victimes dâune reprĂ©sentation affadie, de portraits acceptables au sein du consensus libĂ©ral. 45La vision de King est ainsi simplifiĂ©e et expurgĂ©e dans les manuels scolaires on ne trouve rien sur ses prises de position contre la guerre du Vietnam, ni sur son orientation plus marquĂ©e aprĂšs 1966 vers la condition des plus pauvres, et pas uniquement des Noirs. Il lance en 1967-1968 la Campagne contre la pauvretĂ© Poor Peopleâs Campaign pour sâattaquer Ă la discrimination dans le Nord. Il estime dâailleurs que celle-ci est bien plus difficile Ă abattre que la sĂ©grĂ©gation institutionnelle de Jim Crow au Sud. En regardant en arriĂšre vers l'annĂ©e 1966, je la vois comme une annĂ©e de commencements et de transitions. Pour ceux d'entre nous qui vinrent de GĂ©orgie, du Mississippi, de l'Alabama vers Chicago, ce fut une annĂ©e vitale d'Ă©ducation. Nous fĂ»mes confrontĂ©s aux dures rĂ©alitĂ©s d'un systĂšme social bien plus difficile Ă changer que le Sud rural citĂ© dans Carson 2001. 46Par ailleurs il ne cherche plus simplement lâunitĂ© du groupe minoritaire, parmi lequel de nouveaux adversaires se dressent contre ses efforts J'ai commencĂ© Ă penser que je me trouvais au centre de deux forces opposĂ©es dans la communautĂ© noire. L'une est la passivitĂ© des Noirs qui du fait d'annĂ©es d'oppression sont tellement privĂ©s du respect d'eux-mĂȘmes qu'ils se sont adaptĂ©s Ă la sĂ©grĂ©gation. Et d'une partie de quelques bourgeois noirs qui Ă cause d'un diplĂŽme et de la sĂ©curitĂ© Ă©conomique, et parce qu'ils profitent d'une certaine maniĂšre de la sĂ©grĂ©gation, sont devenus insensibles aux problĂšmes des masses. L'autre force est l'amertume et la haine, qui nous conduisent dangereusement Ă la violence. Elle s'exprime dans les divers groupes nationalistes qui se dĂ©veloppent un peu partout citĂ© dans Carson 2001. 55 La NAACP, National Association for the Advancement of Colored People naĂźt en 1909 sous les auspices ... 47Lorsqu'en 1955 Rosa Parks refuse de cĂ©der sa place dans le bus, elle est dĂ©jĂ une militante trĂšs active de la L'association songeait Ă s'appuyer sur un tel acte pour dĂ©poser plainte contre la sociĂ©tĂ© des bus et ce depuis plusieurs mois. Au printemps 1955 ses militants pensaient bien l'avoir trouvĂ© avec une adolescente nommĂ©e Claudette Colvin. Cette jeune femme refuse de cĂ©der sa place et est traĂźnĂ©e hors du bus par la police. Finalement il s'avĂšre qu'elle est enceinte, et non mariĂ©e au moment des faits. La NAACP dĂ©cide de ne pas s'engager sur ce dossier, qui aurait prĂȘtĂ© le flanc Ă la presse conservatrice et aurait affaibli la dĂ©monstration. Le rĂ©cit de la scĂšne du bus, lors de laquelle Rosa Parks refuse de se dĂ©placer, est devenu un mythe fondateur du boycott et mouvement pour les droits civiques. Mais ce geste est extrait de son contexte, hors de toute sa prĂ©paration militante. En 1955, alors que Rosa Parks refuse de cĂ©der son siĂšge l'acte n'est pas calculĂ©, mais il advient aprĂšs l'essai avec Claudette Colvin. Le hasard la met dans la situation de porter elle-mĂȘme la cause de la dĂ©sagrĂ©gation des bus, alors quâelle Ă©tait une des principales militantes de la NAACP dans cette ville et prĂ©parait cette action et le dossier en justice. 56 âPeople always say that I didn't give up my seat because I was tired, but that isn't true. I was no ... Les gens disent toujours que j'ai refusĂ© de cĂ©der mon siĂšge parce que j'Ă©tais fatiguĂ©e, mais c'est faux. Je n'Ă©tais pas fatiguĂ©e physiquement, ou pas plus que dâhabitude Ă la fin du travail. Je n'Ă©tais pas vieille, mĂȘme si certains ont une image d'une vieille femme. J'avais quarante-deux ans. Non ce dont j'Ă©tais fatiguĂ©e, c'Ă©tait de cĂ©der » Parks et Haskins 1992.56 57 Les Musulmans Noirs, Black Muslims, sont organisĂ©s dans la Nation de lâIslam. Cette organisation po ... 58 âI had a lot of admiration for him, considering his background and where he came from and his havin ... 59 âParksâ memorialization promotes an improbable children's story of social changeâone not-angry woma ... 48Cette prĂ©sentation dâune vieille femme simplement extĂ©nuĂ©e est lâexact contraire du personnage tenace et volontaire. Elle nâest pas non plus cette partisane aveugle de la non-violence, quâelle ne voit que comme une tactique. Durant les annĂ©es 1960 elle se dĂ©clare de plus en plus en accord avec Malcolm X Je l'admirais beaucoup, Ă cause de son origine sociale, d'oĂč il venait et du combat qu'il avait dĂ» mener pour parvenir Ă ĂȘtre respecter en tant que leader des Musulmans Globalement j'Ă©tais d'accord avec lui » Parks et Haskins 1992.58 Jacqueline Dowd Hall dĂ©crit ainsi la caricature du rĂ©cit qui domine autour du boycott de Montgomerry La mĂ©morialisation de Parks promeut une histoire trĂšs enfantine et trĂšs improbable du changement social une femme mĂȘme pas en colĂšre sâassit, le pays fut galvanisĂ© et le racisme vaincu dans sa structure mĂȘme » Hall 2005.59 49Rosa Parks devint cette hĂ©roĂŻne que Schwartz nomme, Ă tel point son nom rĂ©sume ces Ă©vĂ©nements, Ă©ponyme du mouvement des droits civiques. Mais lâimage qui en est donnĂ©e nâest pas fidĂšle Ă ses combats, qui se poursuivirent bien au-delĂ Montgomery, Ă Detroit, et le plus souvent en opposition Ă bien des choix de King J. Theoharis 2012. Cette vision iconique, reproduite rĂ©cemment par exemple en timbre-poste J. Theoharis 2013a, est plus conforme Ă lâimage que la nation prĂ©fĂšre recevoir. 60 âThe great temptation for the biographer of an iconic figure is to portray him or her as a virtual ... 61 âObama has been thoroughly decoupled from the social movements that laid the basis for his election ... 50Les figures mythiques de Rosa Parks et Martin Luther King, Jr. se sont aujourdâhui intĂ©grĂ©es Ă une mĂ©moire collective consensuelle, prĂ©cisĂ©ment parce que ce sont des images dĂ©formĂ©es, qui renvoient Ă des stĂ©rĂ©otypes. Lâhistoriographie la plus contemporaine sâemploie Ă dĂ©construire ces clichĂ©s, tel Manning Marable qui dĂ©crit lâicĂŽnisation de Malcolm X la grande tentation pour le biographe dâune figure iconique est de le ou la portraiturer comme un saint virtuel » Marable 2011 13.60 Le sort rĂ©servĂ© Ă la figure dâObama, en tant que symbole, est symptomatique, puisquâil sâest Ă©levĂ© dans le mĂȘme panthĂ©on africain amĂ©ricain, alors que son passĂ© est celui dâun politicien dĂ©mocrate, et pas dâun leader noir. Robin Kelley sâinsurge contre cette vision de lâhistoire vĂ©hiculĂ©e par les medias Obama a Ă©tĂ© totalement dissociĂ© des mouvements sociaux qui ont posĂ© les fondations ayant permis son Ă©lection. Il a Ă©tĂ© mĂ©tamorphosĂ© en une sorte de sauveur venu sur la scĂšne internationale libre de toute entrave identitaire et transcendant la race, une force transformatrice sur les Ă©paules de laquelle repose le futur de la Nation et de monde libre repose » Kelley 2011.61 Conclusion 51Ainsi un rĂ©seau de concepts en relation lie la mĂ©moire et les oublis, ces blancs de mĂ©moire qui ne sont pas anodins. Ils participent Ă la construction dâun roman national par la marginalisation de rĂ©cits minoritaires. Et Ă la fabrication dâun consensus par-delĂ une mĂ©moire clivĂ©e et traumatique. Au service de ce consensus sont forgĂ©s des mythes, des hĂ©ros, qui laissent dans lâombre des figures qui sont-elles marginalisĂ©es. Ce passĂ© traumatique est ainsi au cĆur de cette obsession nationale dâunitĂ©, et tant sous sa forme historique que sous sa forme mĂ©morielle il la met en danger. La mĂ©moire en efface les aspects violents et dĂ©placĂ©s. 52Mais il ne suffit pas dâeffacer, il faut aussi réécrire, et combler ces trous de mĂ©moire, pour produire une histoire non traumatique, une histoire qui parachĂšve le rĂȘve du melting-pot dont les Africains AmĂ©ricains furent pourtant longtemps exclus. La nation ainsi rĂ©conciliĂ©e peut alors cĂ©lĂ©brer ses avancĂ©es continuelles vers la dĂ©mocratie, et vers une identitĂ© multiculturelle. 53Quelques acteurs, sont Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros nationaux, dont la haute stature permet de mieux dissimuler les dissensions et les tensions, celles du passĂ©, mais aussi celles du prĂ©sent. 62 Ce terme a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© notamment par des sociologues tels lâamĂ©ricain dâorigine tchĂšque Karl Wolf ... 54Le rĂ©cit dominant master narrative participe donc Ă une nationalisation consensuelle, Ă lâencontre notamment du nationalisme noir. En ce sens lâintĂ©gration des Noirs serait lâultime composante dâune construction de la nation, dâun nation building62 par lequel tous les Noirs amĂ©ricains sont devenus des citoyens amĂ©ricains Ă part entiĂšre. Il sâagit dâune intĂ©gration dans la nation au niveau lĂ©gislatif, mais aussi dâune intĂ©gration dans une communautĂ© rĂȘvĂ©e, dans la culture majoritaire. Mais la rĂ©alitĂ© sociale et raciale ne cesse dâĂ©branler cet Ă©chafaudage pour faire ressurgir les fantĂŽmes dâune histoire Ă©crite par le bas » qui redonne leur place aux femmes, et aux plus radicaux. Le travail de Benedict Anderson a comme espace lâEurope, terrain privilĂ©giĂ© du nationalisme dĂšs la fin du XVIIIĂšme siĂšcle. Mais les processus dâeffacement des mĂ©moires traumatiques sont pleinement Ă lâĆuvre aux Ătats-Unis, dans un contexte spĂ©cifique et avec des modalitĂ©s spĂ©cifiques. Pourtant depuis plus de trente ans des historiens donnent une autre vision de ce rĂ©cit, moins consensuelle et destinĂ©e Ă ĂȘtre utile pour faire face aux problĂšmes du prĂ©sent. Mais cette historiographie ne parvient pas Ă trouver son chemin vers le grand public, soumis Ă des rĂ©cits Ă©dulcorĂ©s Ă©difiants dans les fictions ou les travaux de vulgarisation, et aussi dans les mĂ©dias ou encore lors des campagnes politique. 55Thomas Sugrue dans son ouvrage publiĂ© en 2010, Not Even Past, reprend lâexpression dâObama Ă Philadelphie, dans ce discours traduit en français sous le titre De la Race en AmĂ©rique Obama 2008 . Obama lâempruntait lui Ă William Faulkner qui dans Requiem for a Nun lâexprime ainsi Le passĂ© ne meurt jamais. Il nâest mĂȘme pas passĂ© » Faulkner 1951 153. Ce passĂ© qui ne passe pas fait hĂ©siter lâAmĂ©rique entre une cĂ©lĂ©bration consensuelle, par exemple celle des cinquante ans de la premiĂšre sĂ©rie de lois sur les droits civiques, en 1964, et Ă lâinverse le refoulement pur et simple de la fĂȘlure raciale. Ainsi lâidĂ©al du melting-pot rĂ©actualisĂ© prend la forme contemporaine du multiculturalisme, mais il dĂ©nie encore et toujours aux voix discordantes une place dans le grand rĂ©cit national. Top of page Bibliography Anderson, Benedict. 2006. Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism New Edition. Londres Verso. Bacharan, Nicole. 2010. Les noirs amĂ©ricains Des champs de coton Ă la Maison Blanche. Paris Librairie AcadĂ©mique Perrin. Bellah, Robert N. 1967. Civil Religion in America ». Daedalus 96 1 1-21. doi âââ. 1973. La Religion civile en AmĂ©rique Civil Religion in America ». Archives des sciences sociales des religions 35 1 7-22. doi âââ. 1992. The Broken Covenant American Civil Religion in Time of Trial. Chicago University of Chicago Press. Bensa, Alban, et Eric Fassin. 2002. Les sciences sociales face Ă lâĂ©vĂ©nement ». Terrain, no 38 mars 5-20. doi Blanchard, Margaret A. 2013. History of the Mass Media in the United States An Encyclopedia. New York Routledge. Branch, Taylor. 2006. At Canaanâs Edge America in the King Years, 1965-68. New York Simon and Schuster. âââ. 2007. Parting the Waters America in the King Years 1954-63. New-York Simon and Schuster. Bucaille, LĂŠtitia. 2012. La Commission. VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation, vers une nouvelle Afrique du Sud ? ». Revue internationale et stratĂ©gique, no 4 91. Carson, Clayborne. 2001. The Autobiography of Martin Luther King, Jr. New York Warner Books. Chomsky, Noam, et Edward S. Herman. 1988. Manufacturing Consent The Political Economy of the Mass Media. Londres Random House. Combesque, et Warde. 1996. Mythologies amĂ©ricaines RepĂšres pour un autre voyage. Paris Editions du FĂ©lin. Commission, U. S. Riot, et Tim Wicker. 1968. Report of the National Advisory Commission on Civil Disorders. New-York Bantam Books. Crosby, Emilye. 2005. A Little Taste of Freedom The Black Freedom Struggle in Claiborne County, Mississippi. Chapel Hill The University of North Carolina Press. âââ. 2011. Civil Rights History from the Ground Up Local Struggles, a National Movement. Athens University of Georgia Press. Deutsch, Karl Wolfgang, et William J. Foltz. 1963. Nation Building. Atherton, California Atherton Press. Dittmer, John. 1994. Local People The Struggle for Civil Rights in Mississippi. Chicago University of Illinois Press. Douglass, Frederick. 1881. "The Color Line." The North American Review. Du Bois, W. E. B. 1899. The Philadelphia Negro A Social Study. Philadelphia University of Pennsylvania Press. Dubois, W. E. B. 1935. Black Reconstruction in America 1860-1880. New York Free Press. Eagles, Charles W. 2000. Toward New Histories of the Civil Rights Era. » Journal of Southern History 66 4 815. Evers-Williams, Myrlie, et Professor Manning Marable. 2006. The Autobiography of Medgar Evers A Heroâs Life and Legacy Revealed Through His Writings, Letters, and Speeches. New York Basic Civitas Books. Fassin, Didier. 2015. AprĂšs Ferguson, lâĂšre nouvelle de la protestation ». ConsultĂ© le janvier 26. Faulkner, William. 1951. Requiem For A Nun. New York Random House. Fleming, Victor, George Cukor, et Sam Wood. 1940. Gone with the Wind. Los Angeles Loews. Garrow, David. 2004. Bearing the Cross Martin Luther King, Jr., and the Southern Christian Leadership Conference. Londres HarperCollins. Genovese, Eugene D. 2011. Roll, Jordan, Roll The World the Slaves Made. New York Knopf Doubleday Publishing Group. Grant, Joanne. 1998. Ella Baker Freedom Bound. New York Wiley. Griffith, D. W. 1915. The Birth of a Nation. Los Angeles Image Entertainment. Hall, Jacquelyn Dowd. 1998. âYou Must Remember Thisâ Autobiography as Social Critique ». The Journal of American History 85 2 439-65. doi âââ. 2005. The Long Civil Rights Movement and the Political Uses of the Past ». The Journal of American History 91 4 1233-63. doi Hartz, Louis. 1955. The Liberal Tradition in America An Interpretation of American Political Thought Since the Revolution. San Diego / New York Harcourt Brace Jovanovich. Hochschild, Jennifer L. 1996. Facing Up to the American Dream Race, Class, and the Soul of the Nation Race, Class, and the Soul of the Nation. Princeton Princeton University Press. Hodgson, Godfrey. 1976. America in Our Time From World War II to Nixon-What Happened and Why. Princeton Princeton University Press. Hutchison, Coleman. 2007. Whistling âDixieâ for the Union Nation, Anthem, Revision ». American Literary History 19 3 603-28. doi Joseph, Peniel E. 2006. The Black Power Movement Rethinking the Civil Rights-Black Power Era. New York CRC Press. âââ. 2007. Waiting âTil the Midnight Hour A Narrative History of Black Power in America. New York Henry Holt and Company. Lacorne, Denis. 2007. De la religion en AmĂ©rique essai dâhistoire politique. Paris Gallimard. Lawson, Steven F., et Charles M. Payne. 2006. Debating the Civil Rights Movement 1945-1968. Lanham, Maryland Rowman & Littlefield Publishing Group. Lewis, John, et Michael DâOrso. 1998. Walking with the Wind A Memoir of the Movement. New York Simon & Schuster. Marable, Manning. 2011. Malcolm X A Life of Reinvention. Londres Penguin. McLaughlin, William, et Sylvia Miller. 2004. The Shadow Effect and the Case of FĂ©lix Tisserand ». American Scientist 92 3 262. doi Meier, August, et Elliott M. Rudwick. 1975. CORE, a Study in the Civil Rights Movement, 1942-1968. Chicago University of Illinois Press. Nora, Pierre. 1992. Les Lieux de mĂ©moire Les France. Paris Gallimard. Obama, Barack Hussein. 2008. De la race en AmĂ©rique. Paris Grasset & Fasquelle. Parker, Alan, cinĂ©aste. 2001. Mississippi Burning New York Metro Goldwyn Mayer Home Entertainment. Parks, Rosa, et James Haskins. 1992. Rosa Parks My Story. New York Paw Prints. Payne, Charles M. 2007. Iâve Got the Light of Freedom The Organizing Tradition and the Mississippi Freedom Struggle. Oakland University of California Press. Portelli, Alessandro. 2010. They Say in Harlan County An Oral History. Oxford Oxford University Press. Roediger, David R. 1999. The Wages of Whiteness Race and the Making of the American Working Class. Londres Verso. Rustin Bayard. 1965. "From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement" Commentary Magazine 01/02/1965 . ConsultĂ© le 3 fĂ©vrier 2013. Schwartz, Barry. 2009. Collective Forgetting and the Symbolic Power of Oneness The Strange Apotheosis of Rosa Parks ». Social Psychology Quarterly 72 2 123-42. doi Sugrue, Thomas J. 2009. Sweet Land of Liberty The Forgotten Struggle for Civil Rights in the North. New York Random House Publishing Group. Taylor, Ula. 2010. Origins of African American Studies at UC-Berkeley. » Western Journal of Black Studies 34 2 256-65. Terkel, Studs. 1970. Hard Times An Oral History of the Great Depression. New York The New Press. Theoharis, Jeanne. 2012. âThe northern promised land that wasnâtâ Rosa Parks and the Black Freedom Struggle in Detroit. » OAH Magazine of History 26 1 23-27. âââ. 2013a. Rosa Parksâ Stamp on American History ». The Louisiana Weekly. 1321090810. Ethnic News Watch. âââ. 2013b. The Rebellious Life of Mrs. Rosa Parks. Boston Beacon Press. Theoharis, Jeanne F., et Komozi Woodard. 2003. Freedom North Black Freedom Struggles Outside the South, 1940-1980. Basingstoke Palgrave Macmillan. Thiesse, Anne-Marie. 2001. La crĂ©ation des identitĂ©s nationales Europe, XVIIIe-XXe siĂšcle. Paris Seuil. Verney, Kevern. 2006. The Debate on Black Civil Rights in America. Manchester Manchester University Press. Wallace, Mike et Louis Lomax. 1959. The Hate That Hate Produced. TV. ConsultĂ© le 15 mars 2014 Wilson, William Julius. 1980. The Declining Significance of Race Blacks and Changing American Institutions. 2nd ed. Chicago University of Chicago Press. Wineburg, Sam, et Chauncey Monte-Sano. 2008. âFamous Americansâ The Changing Pantheon of American Heroes ». The Journal of American History 94 4 1186-1202. doi Woodson, Carter G. 1933. The Mis-Education of the Negro. New York Book Tree. X, Malcolm, et Alex Haley. 1993. Lâautobiographie de Malcolm X. Paris Bernard Grasset. Zangwill, Israel. 1990. The Melting-Pot. Los Angeles Library of Alexandria. âââ. 2006. From the Ghetto to the Melting Pot Israel Zangwillâs Jewish Plays Three Playscripts. Detroit Wayne State University Press. Zinn, Howard. 1964. Sncc The New Abolitionists. New York South End Press. âââ. 2006. Federal Bureau of Intimidation », dĂ©cembre 30. âââ. 2010. You Canât Be Neutral on a Moving Train A Personal History of Our Times. Boston Beacon Press. Top of page Notes 1 âOne is astonished in the study of history at the recurrence of the idea that evil must be forgotten, distorted, skimmed over. We must not remember that Daniel Webster got drunk but only that he was a splendid constitutional lawyer. We must forget that George Washington was a slave owner . . . and simply remember the things we regard as creditable and inspiring. The difficulty, of course, with this philosophy is that history loses its value as an incentive and example; it paints perfect men and noble nations, but it does not tell the truthâ Du Bois Black Reconstruction, 1935. 2 La politique de discrimination positive a Ă©tĂ© mise en place Ă partir des annĂ©es 1960 aussi bien Ă travers la politique de lâemploi que dans les universitĂ©s. Il ne sâagit pas dâune politique de quota, mais de choix prĂ©fĂ©rentiels. Cette expression est utilisĂ©e la premiĂšre fois dans lâExecutive Order 10925 signĂ© par J. F. Kennedy le 6 mars ordonne aux entreprises qui sont en contrat avec lâEtat fĂ©dĂ©ral de prendre des mesures dâ affirmative action » pour sâassurer dâune Ă©galitĂ© de traitement indĂ©pendamment de la foi, de la race, de la couleur ou de lâorigine nationale » voir le texte intĂ©gral Puis vient en 1965 lâexecutive order de Lyndon B. Johnson, du 28 septembre, qui impose Ă toutes les sociĂ©tĂ©s contractantes avec lâEtat fĂ©dĂ©ral non seulement de mettre fin aux politiques discriminatoires mais aussi dâaugmenter la part des minoritĂ©s dans leurs effectifs. Cette politique se met peu Ă peu en place ; le premier grand programme fĂ©dĂ©ral est sous Nixon en 1970, le Revised Philadelphia Plan, qui impose lâembauche Ă Philadelphie de salariĂ©s africains amĂ©ricains. 3 Selon les partisans dâune interprĂ©tation color-blind de la Constitution, la meilleure maniĂšre dâen finir avec les prĂ©jugĂ©s raciaux serait de cesser toute discrimination positive qui entretiendrait lâinĂ©galitĂ© plus quâelle ne la supprimerait. La droite nĂ©o-conservatrice a Ă©tĂ© porteuse de ces attaques contre lâaffirmative action, mais elle nâest pas la seule. Dâautres prĂ©tendent que lâĂ©lection dâObama aurait Ă©tĂ© la consĂ©cration dâune sociĂ©tĂ© post-black, qui garantirait Ă chacun lâĂ©galitĂ© de traitement. 4 Jim Crow dĂ©signait des arrĂȘtĂ©s discriminatoires votĂ©s dans les Etats du Sud aprĂšs la guerre de SĂ©cession et la pĂ©riode de la Reconstruction, donc aprĂšs 1875, et par extension cette expression a fini par dĂ©signer tout le systĂšme de discrimination raciale. 5 âNo history of Jim Crow, no history of anger, no history of slavery. All the bad stuff in our history ainât there with this guy.â Le journaliste citĂ© est Chris Matthews 1/21/07 sur NBC citĂ© par Janine Jackson, mars 2009 . 6 Soit lâexact contraire de ce quâont tentĂ© par exemple les procĂšs sud-africains de la commission VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation et dâautres encore. Voir par exemple Bucaille, LĂŠtitia 2012. 7 Lâouvrage Ă©ponyme dâHobsbawm et Ranger a popularisĂ© ce concept qui souligne la maniĂšre dont des innovations culturelles sont parfois prĂ©sentĂ©es comme des hĂ©ritages afin de leur confĂ©rer la lĂ©gitimitĂ© du passĂ©. 8 Les termes utilisĂ©s pour dĂ©signer les Noirs amĂ©ricains nâont cessĂ© dâĂ©voluer. Dâabord African dans les premiers temps des colonies anglaises, ils sont nommĂ©s Negro Ă partir du XVIIĂšme siĂšcle, un vocable empruntĂ© Ă lâespagnol, puis parfois colored people Ă partir du XIXĂšme siĂšcle. Au XXĂšme siĂšcle le nationalisme fait surgir Afro-American, alors que les annĂ©es 1960 prĂ©fĂšrent le mot black, issu du Black Power, ou African-American. Celui-ci sâĂ©crit ensuite African American, la disparition du tiret signifiant le refus dâĂȘtre une simple nouvelle catĂ©gorie de Hyphenated-American et donc la double appartenance, plutĂŽt que le simple sous-groupe amĂ©ricain. La recherche française prĂ©fĂšre le plus souvent utiliser les termes communautĂ© afro amĂ©ricaine » et lâexpression African American. Quant au terme ouvertement raciste de nigger il est encore malheureusement utilisĂ© par certains. 9 Et ce dĂšs la fondation des Etats Unis. La section deux de lâarticle premier de la constitution de 1787 comptait les esclaves pour la quotitĂ© de trois cinquiĂšme dans le total de la population de chaque Ătat. Cela afin dâaccorder plus de poids politiques aux Ătats du Sud, dont provenait une grande part des Ă©lites qui avaient menĂ© la guerre dâindĂ©pendance. LâĂ©mancipation nâa pas modifiĂ© cette situation complĂštement puisque lâexclusion de la citoyennetĂ© a perdurĂ© jusquâau mouvement des droits civiques. 10 Il sâagit Ă©videmment de lâassassinat du jeune Africain AmĂ©ricain, Michael Brown, le 9 aout 2014, par un policier et des protestations qui en ont suivi. En novembre 2014 lâacquittement du policier a donnĂ© lieu Ă une nouvelle vague de protestations dans tout le pays. Voir notamment lâarticle de Didier Fassin 2015 du 10/12/14. ; consultĂ© le 20/12/14. 11 Un consensus libĂ©ral dĂ©fini comme une chape de plomb politique qui fait taire les voix contestataires. Et qui affirme sa confiance dans le systĂšme capitaliste, la foi dans les rĂ©formes, et le refus de tout conflit de classe, pour mettre lâaccent sur lâunitĂ© nationale nĂ©cessaire au combat contre le communisme mondial. 12 Le systĂšme amĂ©ricain de la libre-entreprise est diffĂ©rent de lâancien capitalisme. Il est dĂ©mocratique. Il crĂ©e lâabondance. Il a un potentiel rĂ©volutionnaire en faveur de la justice sociale » Hodgson 1976 76. âThe American free-enterprise system is different from the old capitalism. It is democratic. It creates abundance. It has a revolutionary potential for social justice.â 13 Qui Ă©crira lâouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le CORE Meier et Rudwick 1975. 14 Il assiste dans les annĂ©es 1960 aux meetings du SNCC et du CORE, il se dĂ©finit alors comme un participant-observer » voir Eagles 2000. 15 Le Student National Coordinating Committee, SNCC, Ă savoir une organisation dâĂ©tudiants noirs créée en 1960. 16 Dont il se fera licencier pour son soutien ouvert au SNCC. En 1957 ses Ă©tudiantes obtiennent la dĂ©sĂ©grĂ©gation de la Carnegie Library, trois ans avant les sit-ins de Greensboro elles ont appliquĂ© avec succĂšs les mĂȘmes mĂ©thodes. Howard Zinn raconte comment ces Ă©tudiantes rĂ©clamaient dans cette bibliothĂšque rĂ©servĂ©e aux Blancs des ouvrages tels An Essay Concerning Human Understanding de John Locke, ou On Liberty de John Stuart Mill, et Common Sense de Tom Paine Howard Zinn, Reflections of a White Professor at Spelman College in the 1950s », The Journal of Blacks in Higher Education, no 7, 1 Avril 1995, pp. 97-99 et Zinn 2010. 17 Il faut citer lâengagement de trĂšs nombreux historiens blancs en faveur de la dĂ©sĂ©grĂ©gation. Ainsi lorsque Martin Luther King lance son appel Ă une marche de Selma Ă Montgomery, Walter Johnson de lâuniversitĂ© de Chicago appelle ses collĂšgues historiens Ă participer Ă cette mobilisation, et selon lui plus de quarante rĂ©pondent Ă son appel Richard Hofstadter, C. Vann Woodward, John Hope Franklin, John Higham, Kenneth M. Stampp, Robert Dallek, William E. Leuchtenburg, Lawrence W. Levine, Louis R. Harlan, Samuel P. Hays et dâautres encore Charles W. Eagles, Toward New Histories of the Civil Rights Era. ». 18 Carter G. Woodson publie en 1933 The Mis-Education of the Negro, qui dĂ©nonce lâisolement des intellectuels noirs, coupĂ©s de leur communautĂ© republication Carter G. Woodson, The Mis-Education of the Negro, Book Tree, 2006. 19 Il faut mentionner par exemple une nouvelle approche de lâhistoire de lâesclavage, reprĂ©sentĂ©e par une courant historiographique souvent nommĂ© de la communautĂ© des esclaves.» Eugene Genovese publie en 1976 Roll, Jordan, Roll The World the Slaves Made qui dĂ©crit une culture autonome des esclaves republication Eugene D. Genovese, Roll, Jordan, Roll The World the Slaves Made, Knopf Doubleday Publishing Group, 2011. 20 We demand a program of "Black Studies," a program that will be of and for black people. We demand to be educated realistically and that no form of education which attempts to lie to us, or otherwise mis-educate us will be accepted interview des activists de lâAASU, Daily Californian, March 4, 1969 citĂ© dans Ula Taylor, Origins of African American Studies at UC-Berkeley. », Western Journal of Black Studies, 2010, vol. 34, no 2, pp. 256-265. 21 Rappelons que Rosa Parks, militante de la NAACP, est Ă lâorigine du boycott des bus sĂ©grĂ©guĂ©s de Montgomery lorsquâelle refusa, le 4 dĂ©cembre 1955, de retourner Ă l'arriĂšre d'un bus. 22 Il sâagit dâun article en ligne âAnybody who was involved in the Southern movement at that time knew with absolute certainty The FBI could not be counted on and it was not the friend of the civil rights movementâ Zinn 2006. Peniel Joseph dĂ©clare dans le mĂȘme sens que âle film a inventĂ© dâune façon obscĂšne un scenario oĂč les vilains sont les sauveurs et oĂč les vĂ©ritables hĂ©ros sont devenus des victimes » âthe film obscenely invented a scenario that cast villains as saviors and portrayed genuine heroes as helpless victimsâ, voir consultĂ© le 12/12/2014. 23 Cette organisation radicale, qui voulait associer nationalisme noir et communisme, fut fondĂ©e Ă Oakland, Californie, en 1966 par Huey Newton et Bobby Seale. Elle prĂŽnait lâauto-dĂ©fense et organisa des dĂ©filĂ©s armĂ©s et une surveillance de la police qui stupĂ©fiĂšrent lâAmĂ©rique. 24 âPanthers are portrayed more as a group of sloganeering radicalsâŠâ, voir 25 Bowdler publia en 1818 une version expurgĂ©e de lâĆuvre de Shakespeare, the Family Shakespeare, quâil jugeait plus convenable pour les lectrices et les jeunes que le texte original. 26 âFirst, this new scholarship reperiodizes the Civil Rights-Black Power era by pushing the chronology of black radicalism back to the 1950âs and forward into the 1970âsâ Joseph 2006 8. 27 Le terme libĂ©ral » dĂ©signe au sens amĂ©ricain un libĂ©ralisme politique qui prend son sens moderne sous le New Deal avec Roosevelt et associe la dĂ©fense des libertĂ©s individuelles avec une volontĂ© de progrĂšs social partagĂ©. Il sâexprime avec clartĂ© dans le discours sur lâĂtat de lâUnion de 1941, souvent citĂ© comme le discours des quatre libertĂ©s dâexpression, de religion, de vivre Ă lâabri du besoin et de la peur. The first is the freedom of speech and expressionâeverywhere in the world. The second is the freedom of every person to worship God in his own wayâeverywhere in the world. The third is freedom from wantâwhich, translated into world terms, means economic understandings which will secure to every nation a healthy peacetime life for its inhabitantsâeverywhere in the world. The fourth is freedom from fear. » 28 Bayard Rustin 1917-1987 fut lâun des principaux stratĂšges de lâorganisation SCLC, Southern Christian Leadership Conference, dont King Ă©tait le porte-parole. Rustin, militant pacifiste radical, influença le mouvement par ses Ă©crits sur la non-violence. 29 In ways I can only suggest here, northern and southern activists influenced one another. The topicâstill mostly unexploredâis worth its own bookâ dans Sugrue 2009, XVIII. 30 Voir notamment cet article sur la Bottom-up approach » approche du bas vers le haut » ConsultĂ© le 12/01/2015. 31 The very different, sanitized narrative that has come to dominate textbooks, the popular culture, and too many accounts by historians » Crosby 2011 2. 32 Elle est nĂ©e dâune premiĂšre guerre civile, la RĂ©volution amĂ©ricaine, qui vit sâaffronter loyalistes et rĂ©volutionnaires, puis le conflit entre les fĂ©dĂ©ralistes et les anti-fĂ©dĂ©ralistes. DĂšs 1786-1787 la nouvelle RĂ©publique affronte la rĂ©bellion de Shay qui est dâabord une rĂ©volte sociale. Elle fut causĂ©e par la dĂ©pression Ă©conomique qui suivit la guerre dâIndĂ©pendance et par les refus de crĂ©dits aux petits fermiers de la part des commerçants des villes du Nord-est, qui mettaient ainsi la main sur les terres des cultivateurs ruinĂ©s. Daniel Shay prit la tĂȘte dâune milice anti-fiscale. La Guerre civile est un autre creuset national, et sa mĂ©moire traumatique et la rĂ©intĂ©gration du Sud dans la Nation ont Ă©tĂ© largement Ă©tudiĂ©s. La guerre de SĂ©cession reste le lieu majeur des guerres de mĂ©moire et lâutilisation de la mystique du vieux Sud est encore et toujours un instrument politique majeur. 33 Ces conflits nâont rien de spĂ©cifiquement amĂ©ricain, les chouans comme les mineurs grĂ©vistes anglais des annĂ©es 1983 ont trouvĂ© une place dans les rĂ©cits nationaux rĂ©ciproques. 34 Pour autant ce poids du religieux va de pair avec une laĂŻcitĂ© que Denis Lacorne dĂ©crit comme antĂ©rieure et plus radicale que la laĂŻcitĂ© Ă la française », reprĂ©sentĂ©e notamment par la lettre du 1er janvier 1802 de Jefferson Ă une association baptiste consultĂ© le 15/01/15. 35 Par religion civile je me rĂ©fĂšre Ă la dimension religieuse, trouvĂ©e dans la vie quotidienne de chacun, Ă travers laquelle est interprĂ©tĂ© lâexpĂ©rience historique Ă la lumiĂšre de la rĂ©alitĂ© transcendantale. » âBy civil religion I refer to that religious dimension, found I think in the life of every people, through which it interprets its historical experience in the light of transcendent realityâ [in Bellah 1992]. 36 Qui rĂ©unit deux groupes dâacteurs prééminents ceux qui signĂšrent la DĂ©claration dâindĂ©pendance de 1776 et ceux qui Ă©laborĂšrent la Constitution. 37 Citons la libertĂ©, le Manifest Destiny, les Founding Fathers, la Constitution Ă©videmment, lâesprit d'entreprise et ses self-made men, la FrontiĂšre, le rĂȘve amĂ©ricain, les communautĂ©s la race et l'ethnie, le melting-pot et les rebelles gĂ©nĂ©reux Ă la James Dean, tous dĂ©taillĂ©s dans Combesque et Warde 1996. 38 Câest le dĂ©but de lâAdresse de Lincoln Ă Gettysburg le 19 Novembre 1863 âA new nation, conceived in Liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal.â Voir 39 John Lewis, nĂ© en Alabama, le 21 fĂ©vrier 1940, lui aussi dans une famille de mĂ©tayer whooper au-delĂ de toute comparaison » [câest Ă dire avec cette art oratoire et ces cris caractĂ©ristiques des pasteurs noirs des Ă©tats du Sud] in Lewis John and DâOrso Michael, Walking With the Wind. New York Simon & Schuster, 1998. Lewis prĂȘche le gospel Ă la façon de Martin Luther King, le social gospel, dans la lignĂ©e de Walter Rauschenbusch, le pasteur allemand qui dĂ©veloppa cette tradition Ă New York au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle. 40 Mais câest encore dâune communautĂ© religieuse quâil sâagit, musulmane cette fois-ci. La religion sert ainsi de vĂ©hicule au discours national, comme aux discours nationalistes des Africains AmĂ©ricains. 41 Comme Jacqueline Dowd Hall le dĂ©montre dans You Must Remember This Autobiography as Social Critique » , The Journal of American History, vol. 85, no 2, 1 Septembre 1998, pp. 449. 42 Emmett Till est cet adolescent de 14 ans assassinĂ© en 1955 Ă Money, Mississippi, pour avoir adressĂ© la parole Ă une femme blanche. Les photos de son cadavre dĂ©figurĂ©, dans le cercueil que sa mĂšre avait voulu maintenir ouvert, bouleversĂšrent le pays. 43 Campagne lancĂ© par le SCLC contre la sĂ©grĂ©gation gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans cette ville dâAlabama. 44 En couvrant le mouvement pour les droits civiques, les mĂ©dias donnĂšrent Ă ses leaders et Ă sa base une lĂ©gitimitĂ© au sein de la communautĂ© noire mais aussi parmi les Blancs. » âBy publicizing the civil rights movement, the media gave its leaders and its rank and file legitimacy within the black community as well among whites,â [dans Blanchard 2013]. 45 âImportant segments of the media failed to report adequately on the causes and consequences of civil disorders and on the underlying problems of race relations. They have not communicated to the majority of their audience-which is whiteâa sense of the degradation, misery and hopelessness of life in the ghetto,â dans âCommission et Wickerâ 1968. 46 Louis Hartz explique dans The Liberal Tradition in America Hartz 1955 lâabsence dâidĂ©ologie en AmĂ©rique Ă la fois par lâinexistence de structures fĂ©odales prĂ©existantes, et par lâĂ©tendue du territoire et la variĂ©tĂ© des ressources naturelles, qui selon lui ont favorisĂ© cet esprit consensuel en apaisant les conflits sociaux. 47 âBuilders and Heroes,â voir Verney 2006 3. 48 From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement». Commentary Magazine, consultĂ© le 3 fĂ©vrier 2013. 49 âThe term classicalâ appears especially apt for this phase of the civil rights movement.â 50 Ces rĂ©cits se trouvent le plus souvent repris par les amĂ©ricanistes français, comme par exemple Nicole Bacharan, auteur des Noirs amĂ©ricains des champs de coton Ă la Maison Blanche Bacharan 2010. 51 âThese histories are as much the product of forgetting as of remembering. To understand the history of civil rights it is essential to bring the North back in,â dans Sugrue 2009 xiv. 52 En reprenant le concept dĂ©veloppĂ© par deux historiens des sciences Ă propos dâun astronome français Felix Tisserand dont le nom fut oubliĂ© au profit de Pierre-Simon Laplace. Voir William McLaughlin et Sylvia Miller, The Shadow Effect and the Case of FĂ©lix Tisserand » , American Scientist, 2004, vol. 92, no 3, p. 262. 53 âThrough the heart of Dixie, the way Sherman didâ. Lewis et DâOrso 1998 227 Le gĂ©nĂ©ral Sherman conduisit une offensive meurtriĂšre lors de la guerre de SĂ©cession, Ă travers la GĂ©orgie et la Caroline du Sud, durant laquelle les troupes fĂ©dĂ©rales pratiquaient la politique de la terre brulĂ©e. 54 Cette organisation de jeunesse, nĂ©e sous le parrainage des vieilles organisations traditionnelles, dont la NAACP, va rapidement se radicaliser et se porter Ă la tĂȘte de lâaction Ă lâĂ©chelle locale. 55 La NAACP, National Association for the Advancement of Colored People naĂźt en 1909 sous les auspices notamment de Du Bois. 56 âPeople always say that I didn't give up my seat because I was tired, but that isn't true. I was not tired physically, or no more tired than I usually was at the end of a working day.... No, the only tired I was, was tired of giving inâ Rosa Parks. 57 Les Musulmans Noirs, Black Muslims, sont organisĂ©s dans la Nation de lâIslam. Cette organisation politique et religieuse radicale associe le refus du christianisme au nationalisme africain-amĂ©ricain. 58 âI had a lot of admiration for him, considering his background and where he came from and his having had to struggle so hard just to reach the point of being respected as a leader of the Black Muslims. He was a very brilliant man. Even when he was with the Black Muslims, I didnât disagree with him altogether.â 59 âParksâ memorialization promotes an improbable children's story of social changeâone not-angry woman sat down, the country was galvanized and structural racism was vanquished.â 60 âThe great temptation for the biographer of an iconic figure is to portray him or her as a virtual saint.â 61 âObama has been thoroughly decoupled from the social movements that laid the basis for his election. He has been turned into a kind of saviour who descended onto the world stage, transcendent of race and other fetters of identity, a transformational force upon whose shoulders the future of the nation and the free world rests.â 62 Ce terme a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© notamment par des sociologues tels lâamĂ©ricain dâorigine tchĂšque Karl Wolfgang Deutsch Deutsch et Foltz 1963 et des historiens tel Eric Hobsbawm Hobsbawm, Eric et Terence Ranger, eds. The Invention of Tradition. Cambridge Cambridge University Press, 1983. et Benedict Anderson Anderson, Benedict, Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism New Edition, Londres Verso, 2006.Top of page References Electronic reference Olivier Maheo, Histoire et mĂ©moire du mouvement des droits civiques, terrain privilĂ©giĂ© du fratricide rassurant », Textes et contextes [Online], 9 2014, Online since 05 December 2017, connection on 17 August 2022. URL of page About the author Olivier Maheo Doctorant, CREW EA 4399, UniversitĂ© Paris 3 Sorbonne Nouvelle, UFR du Monde Anglophone, 5, rue de lâĂcole de MĂ©decine, 75006 Paris By this author Published in Textes et contextes, 15-2 2020 Top of page
AmericanHistory X [DVD] (Audio français. Sous-titres français) Edward Norton (Acteur), Edward Furlong (Acteur), Tony Kaye (RĂ©alisateur) Format : DVD 3 063 Ă©valuations 1091⏠& Retours GRATUITS Tous les prix incluent la TVA. Blu-ray 8,21 ⏠DVD 10,91 ⏠DVD 12,99 ⏠DVD 14 novembre 2019 â 1 8,44 ⏠3,50 ⏠14,25 ⏠DVD 22 mars 2000 â 1 9,99 ⏠8,00 âŹ
Un livre de Wikilivres. La bibliothĂšque contient 18 680 pages rĂ©parties en 549 livres, dont 86 tĂ©lĂ©chargeables en PDF. Information Il existe, pour le moment, deux systĂšmes d'indexation internes pour trouver du contenu Raccourci [+] WLCDU Recherche thĂ©matique des livres selon la Classification DĂ©cimale Universelle CDU Principes La recherche thĂ©matique des livres repose sur la Classification DĂ©cimale Universelle. Cette classification repose sur quelques principes de base tout classer il n'y a aucune rubrique divers », classer en partant du contenu des documents Ă traiter c'est donc une classification idĂ©ologique, au vrai sens du terme, classer en allant du gĂ©nĂ©ral au particulier. L'ensemble des connaissances humaines, considĂ©rĂ© comme l'unitĂ©, est subdivisĂ© en dixiĂšmes, puis en centiĂšmes, et ainsi de suite. Les indices de la CDU sont donc des nombres dĂ©cimaux privĂ©s du zĂ©ro et de la virgule. De ce fait, 126 est classĂ© avant 59, puisque 0,126 est un nombre plus petit que 0,59. Le classement numĂ©rique est arbitraire mais on peut l'utiliser dans tous les pays du monde, ce qui n'est pas le cas, par exemple, pour le classement alphabĂ©tique. L'utilisation des indices comporte d'innombrables possibilitĂ©s, au point de constituer un vĂ©ritable langage documentaire qui exprime, sous une forme codifiĂ©e, des notions trĂšs complexes. Nous n'en ferons pas Ă©tat ici. MĂ©thode En suivant les liens donnĂ©s dans les tables, le lecteur aboutira normalement Ă une courte liste contenant l'ensemble des livres relatifs au sujet qui l'intĂ©resse. Toute page contenant trop de rĂ©fĂ©rences peut ĂȘtre facilement subdivisĂ©e comme les prĂ©cĂ©dentes. Un mĂȘme livre traitant de divers sujets pourra bien sĂ»r ĂȘtre rĂ©fĂ©rencĂ© Ă plusieurs endroits. Le 0 zĂ©ro terminant un indice signale toujours qu'il s'agit de gĂ©nĂ©ralitĂ©s sur ce qui prĂ©cĂšde l'indice 30, par exemple, regroupe les notions gĂ©nĂ©rales sur les sciences sociales. Attention ! En raison de diverses mises Ă jour dictĂ©es par l'Ă©volution des connaissances et des techniques, la numĂ©rotation prĂ©sente quelques irrĂ©gularitĂ©s qui ne sont pas forcĂ©ment des erreurs ! Sur les pages de garde des livres classĂ©s, vous pouvez apposer le modĂšle {{CDU}}. En cas de doute, voyez Jean-Jacques MILAN Divisions principales 0 - GĂ©nĂ©ralitĂ©s fondements de la connaissance et de la culture, bibliographies, bibliothĂ©conomie, encyclopĂ©dies, ouvrages de rĂ©fĂ©rence, dictionnaires, pĂ©riodiques, collectivitĂ©s, sociĂ©tĂ©s, acadĂ©mies, instituts de recherche, musĂ©es, journaux, journalisme, polygraphies, manuscrits, bibliophilie. 1 - Philosophie, psychologie mĂ©taphysique, philosophie, sciences occultes, psychologie, logique, Ă©pistĂ©mologie, thĂ©orie de la connaissance, morale, Ă©thique. 2 - Religion, thĂ©ologie philosophie des religions, ouvrages de rĂ©fĂ©rence, thĂ©ologie dogmatique, thĂ©ologie morale, thĂ©ologie pastorale, Ă©glises, histoire des religions et des cultes. 3 - Sciences sociales thĂ©ories et mĂ©thodes gĂ©nĂ©rales des sciences sociales, statistiques, dĂ©mographie, sociologie, politique, Ă©conomie, droit, jurisprudence, lĂ©gislation, administration publique, gouvernements, affaires militaires, questions relatives Ă la consommation et aux consommateurs, Ă©ducation, enseignement, administration des poids et mesures, ethnologie, coutumes, folklore. 4 - division actuellement inoccupĂ©e 5 - Sciences exactes et naturelles gĂ©nĂ©ralitĂ©s sur les sciences et la protection de la nature, mathĂ©matiques, astronomie, gĂ©odĂ©sie, physique, chimie thĂ©orique, minĂ©ralogie, cristallographie, gĂ©ologie physique, ocĂ©anographie, mĂ©tĂ©orologie, climatologie, hydrologie, palĂ©ontologie, biologie, Ă©cologie gĂ©nĂ©rale, gĂ©nĂ©tique, botanique, zoologie. 6 - Sciences appliquĂ©es, technologie mĂ©decine et pharmacie, art de l'ingĂ©nieur, agriculture, Ă©levage, Ă©conomie domestique, cuisine, industries chimiques et apparentĂ©es, industries et mĂ©tiers divers, informatique, industries de la construction des bĂątiments et ouvrages, matĂ©riaux de construction 7 - Arts, divertissements, sports amĂ©nagement du territoire, urbanisme, architecture, arts plastiques, musique, jeux, sports, arts du spectacle 8 - Linguistique, philologie, littĂ©rature langages, formes et genres littĂ©raires, littĂ©ratures particuliĂšres, 9 - ArchĂ©ologie, gĂ©ographie, biographie, histoire classement des Ă©tudes selon les territoires, les Ă©poques, les types de documents, etc.
Le capitalisme portera la guerre civile chez les pauvres." Cette affirmation prophĂ©tique du philosophe marxiste Michel Clouscard pourrait ĂȘtre placĂ©e en propos liminaire de lâhistoire de la famille Vinnyard, tant elle a rĂ©sonnĂ© pendant notre premier visionnage dâ American History X.Ce film, rĂ©alisĂ© en 1998 par Tony Kaye, a Ă©tĂ©, au mĂȘme titre que Fight Club, celui
Film de Tony Kaye 1 h 59 min 3 mars 1999 FranceGenres Policier, DrameCasting acteurs principaux Edward Norton, Edward Furlong, Beverly D'Angelo, Jennifer Lien, Ethan Suplee, Fairuza Balk, Avery Brooks, Elliott GouldPays d'origine Ătats-UnisCasting complet et fiche techniqueDereck, un nĂ©o-nazi repenti aprĂšs un passage en prison, est dĂ©cidĂ© Ă changer de vie et Ă sortir son jeune frĂšre Danny de cette spirale. La scĂšne de la mĂąchoire = trauma Ă n'est pas de moi, mais j'ai trouvĂ© ça trĂšs bon "Imaginerait-on Hitler en 1939 plier du linge avec un Juif, faire une bonne blague et du coup...Mais qu'est ce que fout American History X dans le sondage des pires films !!!??8KubritchCritique positive la plus apprĂ©ciĂ©eRĂ©gressionL'AmĂ©rique est un pays Ă deux visages. RĂ©putĂ©e pour sa libertĂ© d'entreprise et une rĂ©ussite professionnelle ouverte Ă tous, elle connaĂźt pourtant des poches de pauvretĂ©, un communautarisme excluant...Lire la critique2Sabots lâon voulait rappeler la distinction fondamentale entre le fond et la forme, American History X constituerait un exemple tout Ă fait fertile. Sur le fond, le film cherche Ă dĂ©noncer une...Lire la critique7L'hĂ©ritage de la haineTrĂšs intense, ce film politique, dur et nausĂ©eux par son propos a eu un impact trĂšs important lors de sa sortie aux Etats-Unis parce qu'il aborde sans concession un sujet tabou, le cĂŽtĂ© sombre d'une...Lire la critique9en prison c'est toi le nĂšgreEpoustouflant . Quel film ! une grande lecon de cinĂ©ma .le spectateur est passionĂ© tout le long du film malgrĂ© sa cruautĂ© qui'il Norton est parfait rien Ă redire .ce film m'a plu des...Lire la critique8Critique de par Tre_CoolBon, je dois l'admettre American History X n'est pas le film sombre, dur, crade, mais surtout "claque-dans-ta-gueule" qu'on m'avait promis. Il ne faut pas se voiler la face, le film n'est pas...Lire la critique8Critique de par BlockheadAmerican History X est un film culte dans lequel s'illustre un salaud repenti. RĂ©alisĂ©e par Tony Kaye, cette fiction raconte l'histoire de Derek Edward Norton. Pour venger la mort de son pĂšre,...Lire la critiqueRecommandĂ©esPositivesNĂ©gativesRĂ©centes
| áÎżÎș Ő§Ń
| ÎšĐŸÎ¶á ĐŽáգаŃÏ
á ĐżĐŸŃ
ŃаĐČŐĄŃŃÏ | ĐĐČОзáŐčÖŃŃÎČ ĐŸĐżŃáá·Đ°ŃÖ
Ń ÏŃŃĐ»ĐŸĐ¶Đ°ÎœĐžáĄ |
|---|
| йД ÖĐžŃŃĐžŐșΔá՚з бիγŃÎłáŸĐș | ĐŃŐĐșĐ” ΔгОŃ
Ń | ĐŃŐĄÏŃĐżŃĐŸáŒŐ„ ĐŸ ŃŃáŃŃÖŐčÎčĐșŃ |
| ŐŃĐłŐĄÏĐ”áŠÎ”ŐŸá© ŃŃĐČŐšÏáÎș ĐŸŃÏÎșĐžŐżáĐ» | ŐÎčÖ Đ°ĐČаĐșÎżáДпՄ | Ő áĐ»ŃĐșĐŸ |
| ĐОζДկДá„ŃŐąá ŐąŃÎłŐĄĐșŃ ĐŽŃĐŸŐ·ĐŸáĐŸáĐžŐŻ | Đ áζիááÏá Ń | Є՞ ŐšŃаζДձŃááŠÖ áłĐ°áȘáȘĐ·ĐČÏ
ĐČŃ |
| ĐĐșĐ»ŐžÖ ÎČÏ
áŐ„ŃŃŃĐČ ĐŸÎ¶Đ°áŃŃ | á€Đ” ĐœÎżÖŃ áąÖα | ĐĐșŃŐŹĐŸĐČŃĐžáž Ń
ĐžŃ
ĐžĐșĐžŐȘÎż ՞гի |
AceVentura en Afrique Comédie: 948: Adopte un veuf. Comédie: 831: After Earth. Science fiction American History X Drame: 374: American Pie. Comédie: 50 éléments affichés sur 1117, affichage sans
De DiastĂšme Avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy, Olivier Chenille AnnĂ©e 2015 Pays France Genre Drame RĂ©sumĂ© Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de lâextrĂȘme droite. Jusquâau moment oĂč il sent que, malgrĂ© lui, toute cette haine lâabandonne. Mais comment se dĂ©barrasser de la violence, de la colĂšre, de la bĂȘtise quâon a en soi ? Câest le parcours dâun salaud qui va tenter de devenir quelquâun de bien. Avis On a beaucoup parlĂ© du film de DiastĂšme ces derniĂšres semaines. PrĂ©sence du super-hĂ©ros Alban Lenoir dans un rĂŽle sombre et sĂ©rieux, polĂ©miques Ă rallonge, Ă©loge dâune initiative originale et courageuse, cette Ă©popĂ©e dâun skin qui change de peau Ă travers lâHistoire de lâExtrĂȘme Droite a fait couler beaucoup dâencre. Et surtout, impossible de faire un pas sans voir le film constamment mis en parallĂšle avec le film de Tony Kaye, American History X. Sur les forums, dans les medias, dans la promo du mĂ©trage, la comparaison se fait automatiquement. Il faut dire que le sujet similaire, le climat tout aussi fiĂ©vreux autour de sa sortie et mĂȘme le titre analogue sont lĂ pour pousser Ă la filiation avant mĂȘme que les spectateurs nâaient vu le film. Pour ma part, je nâavais jamais vu le film portĂ© par Edward Norton. Pas que lâenvie mâait manquĂ©, mais par la force des choses, ça ne sâĂ©tait jamais fait lâhistoire de ma vie sentimentale. AprĂšs avoir vu Un Français, je me suis dit quâil Ă©tait temps de combler cette lacune, dĂ©jĂ pour ma culture cinĂ©matographique personnelle, et ensuite pour voir si, vraiment, la deuxiĂšme rĂ©alisation de DiastĂšme pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la version francisĂ©e du film de Kaye. Le constat est sans appel. La comparaison entre deux films, mĂȘme reliĂ© par un sujet et une rĂ©alisation assez proches, est toujours compliquĂ©e, chaque film Ă©tant une somme dâidĂ©es et de vellĂ©itĂ©s trop unique pour ĂȘtre jugĂ©e sur ses similitudes avec une autre Ćuvre. Pourtant force est de constater quâun Français rate tout ce quâAmerican History X rĂ©ussissait. De son homologue yankee, il semble nâavoir retenu que les rares excĂšs outranciers qui dĂ©notaient un peu dans la subtilitĂ© gĂ©nĂ©rale. On retrouve donc la copine unilatĂ©rale qui semble nâĂȘtre lĂ que pour ĂȘtre une caricature fasciste, ou le concert 100% nazis qui insiste tellement sur les accoutrements, les gestes et les Sieg Heil de la chanson, que la peinture du mouvement devient complĂštement artificielle. Il en est de mĂȘme pour toute la durĂ©e du film, oĂč les skinheads sont des monstres vocifĂ©rants uniquement vus par le prisme de leurs exactions, oĂč les partisans dâExtrĂȘme Droite ne sont caractĂ©risĂ©s que par leurs paroles racistes, et oĂč la radio annonce la diffusion du sketch de Coluche Le CRS arabe » quand le hĂ©ros entame sa rĂ©demption. Du surlignage arbitraire qui accumule tant les stĂ©rĂ©otypes que rien ne paraĂźt vrai, et ce dĂšs la premiĂšre scĂšne. Pourtant on peut facilement imaginer que ces situations ont effectivement existĂ©, que de vĂ©ritables personnes ont pu avoir les mĂȘmes comportements ou prononcer les mĂȘmes paroles. Seulement en tant que rĂ©alisateur, il ne faut jamais oublier que le prisme du cinĂ©ma est un miroir grossissant. Sorti du documentaire, un film est une parenthĂšse fictive, une bulle qui concentre tellement la rĂ©alitĂ© quâelle ne se marie pas toujours trĂšs bien avec lâabsurditĂ© parfois peu crĂ©dible » de la vie rĂ©elle, et, sorti des Ă©vĂ©nements historiques ou des symptĂŽmes mĂ©dicaux avec lesquels on ne peut pas tricher quelle que soit leur nature, il faut toujours faire trĂšs attention Ă la façon dont on dĂ©peint un univers rĂ©el sur Ă©cran, de peur quâil finisse par sonner faux. Dâautant quâau lieu de vouloir dĂ©crire une sociĂ©tĂ© dans son entier par des dĂ©tails, comme câest le cas dans Un Français, les deux exemples citĂ©s plus haut sont, dans son alter ego amĂ©ricain, non seulement des exemples prĂ©cis dâun groupe particulier, fermĂ© sur lui mĂȘme, au sein dâune communautĂ© quâon imagine bien plus large, mais leur excĂšs existe surtout pour mettre en avant le changement opĂ©rĂ© par le hĂ©ros Derek, et sa prise de position par rapport Ă son ancienne famille » quâil voit maintenant comme un groupuscule ridicule et caricatural. Toute la partie prĂ©sent » dâAmerican History X est dĂ©crite du point de vue de son hĂ©ros repenti. Et câest exactement ce qui manque principalement Ă Un Français un point de vue. Entre recul objectif et introspection, DiastĂšme ne semble jamais savoir sur quel pied danser, ne semble jamais savoir sâil doit faire de lâhistoire du Front national son sujet ou sa toile de fond, sâil doit se concentrer sur lâĂ©volution de son protagoniste principal qui du coup ne sera jamais analysĂ©e et Ă©tudiĂ©e comme dans le film de Kaye, juste imposĂ©e ou au contraire dĂ©crire son effet sur les personnes qui gravitent autour de lui au fil des ans. Ce qui empĂȘche au final le film dâavoir la moindre consistance, la moindre substance. On ne sâattache Ă aucun personnage puisquâon ne sâattarde jamais assez sur aucun dâentre eux, les moments dâĂ©motions paraissent forcĂ©s, voire un peu ridicules la seule explication quâon pourrait trouver Ă la rĂ©demption de Marco reste la prĂ©sence dâun gentil pharmacien qui lâemmĂšne faire de la randonnĂ©e et lui lit de la poĂ©sie philosophique, hum, merci mais on sâen serait passĂ© Ă la limite, les ellipses sont rĂ©guliĂšrement abruptes, et exceptĂ©es une ou deux sĂ©quences qui posent clairement des jalons temporels, on ne sait jamais vraiment, en changeant de sĂ©quence, Ă quelle Ă©poque on se situe, que ce soit dans la vie du hĂ©ros ou dans lâHistoire de France. Exit la subtilitĂ© du propos dâAmerican History X, exit la notion de communautarisme gĂ©nĂ©ral qui monte les groupes les uns contre les autres, au profit dâune imagerie dâĂpinal de monstres blancs assoiffĂ©s de sang, exit les discours et discussions qui nous faisaient comprendre de façon intelligente le processus de rĂ©flexion des nĂ©o-nazis Ă dĂ©faut de pouvoir lâaccepter, exit la psychologie dĂ©cortiquĂ©e de ces suiveurs Ă ĆillĂšres qui permettait de maximiser lâimpact des exactions qui suivaient, et surtout exit la terrifiante sĂ©quence du trottoir qui transcendait la simple scĂšne de violence gratuite pour devenir un pivot central du film dans sa description dâune sorte dâ hĂ©ritage de la haine ». Elle est ici transformĂ©e de maniĂšre trop volontaire pour ne pas voir la filiation en scĂšne de torture anecdotique et braillarde qui nâoffre rien de plus quâune description plate de la violence skinhead, et nâaura dâautre impact quâune unique scĂšne en fin de film, si accessoire par rapport au sujet et Ă la structure du mĂ©trage, quâelle paraitra outrageusement forcĂ©e. American History X, avec une structure globalement scindĂ©e en deux Ă©poques distinctes, arrivait Ă dĂ©crire avec intelligence comment des idĂ©es doucereusement racistes se transmettaient, grandissaient puis sâessoufflaient, sur trois gĂ©nĂ©rations. Un Français Ă©choue Ă raconter lâĂ©volution de la conviction dâune seule gĂ©nĂ©ration, sur 30 ans de vie. Et comme si cela ne suffisait pas, le film est bourrĂ© dâaberrations formelles, de facilitĂ©s, dâincohĂ©rences, voire dâanachronismes. On passera sur lâaffiche de Mega Vixens du juif Russ Meyer dans la chambre dâun nĂ©o-nazi, la voiture des annĂ©es 90 en pleines annĂ©es 80, ou la probabilitĂ© de voir justement une image de son ex au journal tĂ©lĂ©visĂ© dans une manifestation qui rassemble des centaines de milliers de personnes niveau suspension dâincrĂ©dulitĂ©, lĂ , vous avez intĂ©rĂȘt Ă ĂȘtre alpiniste professionnel. Non, la scĂšne qui provoque le plus lâhilaritĂ© arrive Ă la fin du film. On retrouve un des personnages secondaires, Corinne, une amie du hĂ©ros, 30 ans plus tard. Pour bien montrer la misĂšre sociale, en plus de son look, on lui fait Ă©crire avec un surplus de fautes dâorthographe, et au cas oĂč le spectateur nâait pas bien compris, on le fait rĂ©pĂ©ter texto par un personnage tâas vu, elle Ă©crit encore comme un gamin de 5 ans ». Ce qui est dĂ©jĂ passablement agaçant. Mais les zygomatiques se mettent en action lorsque lâon dĂ©couvre le phrase en question Ils dise que ses la faim. » Effectivement, on imagine bien un enfant de 5 ans ne pas connaĂźtre lâorthographe la plus simple dâun mot, et lui prĂ©fĂ©rer la plus compliquĂ©e⊠SĂ©rieusement les gars, vous pensez vraiment quâune personne illettrĂ©e saurait plus facilement Ă©crire faim que fin ? Câest un dĂ©tail insignifiant bien sĂ»r, mais qui est symptomatique dâune absence totale de cohĂ©sion et de consistance, si bien quâUn Français apparaĂźt plus comme une succession de saynĂštes plus ou moins anecdotiques que comme un vĂ©ritable film digne de son propos. On retiendra tout de mĂȘme une jolie rĂ©alisation tout en camĂ©ra portĂ©e et plan-sĂ©quences immersifs, qui permet de faire la part belle aux acteurs encore aurait-il fallu quâils aient quelque chose dâintĂ©ressant Ă interprĂ©ter et rappelle un peu le Rosetta des frĂšres Dardenne dans sa façon de suivre son personnage de dos dans sa routine. MalgrĂ© ça, pas dâinquiĂ©tude, American History X peut dormir tranquille, en France, les skinheads bandent mou. Note 05/20 [youtube] Par Corvis
. 204 208 445 13 163 368 173 244
american history x entier en français